Amphores de Bétique




[Claude Raynaud]



La province de Bétique a connu au début de notre ère un considérable essor économique se traduisant notamment par l'omniprésence des amphores de cette région sur tous les sites de Méditerranée occidentale, en particulier en Gaule, sur le limes Germanique, mais surtout à Rome où l'accumulation de leurs débris a formé la fameuse colline artificielle du 'Monte Testaccio'. Ce commerce, bien connu grâce aux témoignages littéraires et aux marques sur amphores, concernait une large gamme de produits, huile renommée, vins courants et vins cuits, poissons salés et liqueurs de poisson.
L'huile de la vallée du Gadalquivir se place au premier rang des produits exportés. Les ateliers d'amphores se répartissent sur les berges du fleuve et de ses affluents, le transport s'effectuant par voie fluviale puis maritime. L'organisation de ce commerce est bien décrit par les marques peintes sur le col des amphores indiquant sur la première ligne le poids de l'amphore vide (30 à 35 kg), sur la deuxième ligne le nom du commerçant, sur la troisième le poids de l'huile (70 l env.), et sur la quatrième, en oblique sous les anses, le nom du domaine, parfois la date et le port d'embarquement ainsi qu'une marque de contrôle. Du fait de leur extraordinaire abondance et de leur forme aisément identifiable, les amphores à huile Dressel 20 et 23 ont souvent retenues pour elles seules le qualificatif d''amphores de Bétique', alors que d'autres productions régionales moins importantes mais non négligeables, sont fréquemment rencontrées sur les sites, tant en ville qu'à la campagne. L'apogée de ce commerce se situe aux Ier et IIe s., puis il connaît un fléchissement au IIIe s. probablement sous l'effet de la concurrence de l'huile d'Afrique du Nord, mais il se maintient régulièrement jusqu'au Ve s. Parmi de nombreuses études consacrées aux amphores à huile de Bétique, nous avons retenu la récente typologie réalisée à partir du mobilier recueilli en stratigraphie sur le site d'Augst en Suisse, première proposition de chronologie fine distinguant huit phases entre les dernières années avant notre ère, début de la production, et le début du Ve s. (Martin-Kilcher 1987). Ce classement conserve la typologie de Dressel en lui adjoignant une lettre pour chaque variante.
La fabrication de conserves et de liqueurs de poisson, salsamenta et garum, constituait une branche importante dans l'activité de la province, qui était avec le nord du Maroc la principale région exportatrice de Méditerranée occidentale. Les saumures étaient conservées et acheminées dans une large gamme d'amphores fuselées à fond pointu et col haut à bord évasé, les types Dressel 7 à 14, Beltrán 2A et 2B. Très proches les uns des autres par la forme et par la pâte, les différents types sont parfois difficiles à identifier sur de simples fragments. c'est la raison pour laquelle on les regroupe fréquemment sous l'appellation 'Dressel 7/11'. Cette production se développe essentiellement à l'époque augustéenne, au Ier s. de n.è. et pour certaines formes encore au début du IIe s. La production semble ensuite s'uniformiser avec la prédominance des types Beltrán 72 et surtout Almagro 51, bien représentés du III au Ve s.
La province de Bétique disposait aussi d'un important vignoble, le transport du vin donnant lieu à la fabrication d'amphores ovoïdes à fond pointu et col haut à bord évasé en collerette, le type Haltern 70, du nom du camp sur le Rhin où elles ont été identifiées initialement. Leur diffusion est aussi large que celle des amphores à huile mais moins abondante et plus serrée dans le temps, couvrant le règne d'Auguste et la première moitié du premier siècle de notre ère.

Etudes régionales de référence pour les amphores de Bétique

Méditerranée occidentale: Colls 1977; Liou 1990.
Gaule intérieure: Martin-Kilcher 1987

Types