Amphores gauloises


[Claude Raynaud]

D'abord reconnue et étudiée en Narbonnaise, la production des amphores est désormais attestée dans l'ensemble des Gaules, avec de récentes découvertes dans le Bordelais, la vallée de la Loire et le Centre, en Normandie, en Suisse, à Lyon, dans les vallées de la Seine et de la Moselle et peut-être aussi en Germanie (Laubenheimer 1992). La soixantaine d'ateliers recensés à ce jour témoigne d'un spectaculaire développement agricole, sensible dès la période Augustéenne. La diffusion de ces produits est vaste dès les débuts et elle s'effectue par la mer, comme en témoignent plusieurs épaves et de nombreux sites de la Méditerranée occidentale, tout autant que par l'axe Rhône-Saône-Rhin, jalonné de découvertes.
C'est en Narbonnaise, où les ateliers sont les plus précoces, les mieux étudiés et les plus nombreux, que l'on observe le plus précisément les étapes de la production. Dans un premier temps sont produites des formes empruntées à la tradition italique, amphores fuselées Dressel 1, 2/4, 7/13, Pascual 1, et des formes mixtes Gauloise 10 et 11. Ensuite un répertoire plus original s'impose au Ier s. de notre ère avec dix types pansus à fond annulaire, Gauloise 1 à 9 et 12. Ces nouvelles amphores doivent probablement leur succès à leur légèreté, le contenant pesant trois fois moins que le contenu alors que ce rapport était égal à 1 pour les amphores fuselées antérieures (Laubenheimer 1990a, 139).
La nature des pâtes permet de distinguer trois familles principales ayant produits chacune diverses formes d'amphores:
- les pâtes sableuses, dures, présentant un fin dégraissant sableux et des tons allant du beige orangé au rouge brique, avec une dominante rosée; elles caractérisent essentiellement les productions de la basse vallée du Rhône;
- les pâtes calcaires, fines et souvent tendres, beige à orangé clair, dominent dans les bassins sédimentaires du bas Languedoc, Biterrois, Nîmois et de Provence occidentale;
- les pâtes micacées, à dégraissant de fines paillettes dorées, typiques des productions de Marseille et de ses environs.
Le Ier s. de notre ère connaît une large diffusion de la forme Gauloise 1 dans la basse vallée du Rhône, tandis que la Gauloise 5 domine la production provençale (Laubenheimer 1990b, 98). Celle-ci connaît une large diffusion dès le milieu du siècle, particulièrement en Italie où on la trouve en abondance à Ostie. Vers la fin du Ier s., la typologie se restreint quasiment au seul type 4 qui supplante les productions régionales et marque un début de standardisation des divers ateliers. La forme des amphores et leur contenance ne varient plus guère en effet aux IIe et IIIe siècles. Le type Gauloise 4 est encore présent, sans grande modification, dans les dernières fournées de l'atelier de Sallèles d'Aude, dans le courant du IIIème s. (Laubenheimer 1990a, 139-140). La fin de la production est encore mal cernée, les ateliers fouillés interrompant généralement leurs activités au cours du IIIe s. Cependant, les amphores gauloises restent présentes au IVe s. tant en Méditerranée (Porto-Torrès en Sardaigne) qu'en Narbonnaise où leur consommation ne faiblit guère avant le milieu du siècle (Raynaud 1990, 295-296).
Le contenu des amphores est connu par de nombreuses marques peintes mentionnant presque exclusivement du vin, ou très exceptionnellement des conserves de poisson dans des amphores de type Dr.2/4 ou 7/13. On pourrait aussi envisager le transport d'huile, mais aucun indice ne le confirme et il s'agirait probablement d'un usage ponctuel.

Etudes régionales de référence pour la les amphores gauloises

Provence et Languedoc: Laubenheimer 1985; 1989; 1990; 1990A; 1992.

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