Amphores gréco-italiques
[Michel Py]
Les amphores gréco-italiques ont été ainsi dénommées depuis Benoit 1954:
- soit pour indiquer à la fois une filiation et une zone de production: amphore de tradition grecque et de production -essentiellement- italienne (Lamboglia 1955, 264);
- soit pour souligner leur position intermédiaire, en chronologie, entre les amphores grecques et les amphores romaines (Benoit 1957, 250-251).
Le prototype, qui permit de distinguer cette catégorie d'amphores, fut celui de Grand-Congloué I (Benoit 1961): Lamboglia lui donna le n°4 dans sa classification des amphores romaines républicaines (Lamboglia 1955, 264-265), tandis que Benoit lui réservait le numéro I ('républicaine I': Benoit 1957, 251-256). Cependant, on rangeait sous cette forme des galbes assez divers, dont la diversité a été soulignée à plusieurs reprises (Manacorda 1986): amphores de formes différentes, bien que des tendances évolutives globales se dégagent du IVe au IIe s.; timbres en grec aux IVe-IIIe s., en latin au IIe s...
La seule typologie qui ait été tentée de ces différentes variantes est celle de Lyding-Will 1982. Bien que cette classification en cinq types (a-e) ne fasse pas l'unanimité (cf. Manacorda 1986; Empereur 1987), elle a le mérite d'exister et d'être à peu près opérationnelle pour les exemplaires entiers. On en trouvera un bon résumé critique dans Bats 1986; pour une discussion sur les lieux de fabrication, multiples, on se reportera à Tchernia 1987 et Empereur 1987.
On a complété ici le classement de Lyding-Will dans deux directions.
D'une part on a joint quelques formes produites en Grande Grèce au IVe s. av. n.-è. (types magno-grecs MGa, b, c), définis par Van der Mersch 1986, qui constituent une des origines probables des gréco-italiques.
D'autre part, un certain nombre de formes de bord, représentant les lèvres les plus courantes, ont été numérotées afin de permettre le classement des exemplaires recueillis en grande majorité à l'état fragmentaire dans les fouilles d'habitat: les types reposent sur des critères morphologiques très simples.
La distinction des gréco-italiques récentes et des italiques Dressel 1A n'est pas toujours chose facile. Tchernia 1987 propose de réserver le terme de gréco-italiques aux amphores dont le rapport 'hauteur totale moins la pointe' sur 'largeur maximale' est inférieur à 2,9; tandis que celles dont le rapport est supérieur à ce chiffre seraient à ranger dans parmi les amphores italiques. Pour Empereur 1987, le passage des gréco-italiques aux Dr1A se fait lorsque les amphores atteignent environ 90 cm de hauteur, avec un rapport 'diamètre maximum sur hauteur' proche de 1/3, un rapport 'hauteur du col sur hauteur de la panse' proche de 0,5, tandis que la lèvre devient plus haute qu'épaisse.
Il est également difficile de fournir une indication globale sur les caractères techniques propres aux amphores gréco-italiques, qui sont assez variables et ne conduisent point à une reconnaissance automatique: si l'argile est en général de ton rosé et assez épurée, on trouve aussi des pâtes tendant sur le jaune ou l'orangé et des inclusions de sables ou micas divers, comme dans les amphores italiques postérieures. Peu de possibilités donc de classer les éléments autres que les lèvres: et encore avec une grande marge d'incertitude pour les profils de bords gréco-italiques les plus récents, qui se retrouvent largement sur le type italique Dressel 1A.
L'argument le plus fiable, pour les fragments, reste la chronologie du contexte de découverte, s'il est possible de la déterminer par d'autres moyens que les amphores en question: à savoir que toute amphore de type italique antérieure aux années 130 (date d'apparition admise pour les amphores Dressel 1A) sera classée dans les gréco-italiques. Ce qui vaut moins, bien sûr, dans l'autre sens.
On considère généralement que les amphores gréco-italiques, diffusées du IVe au IIe s. av. n.-è., furent destinées à transporter du vin (traces de résine, bouchons de liège). Elles furent fabriquées aussi bien en Sicile qu'en Grande Grèce (Calabre), mais également, surtout pour les exemplaires les plus récents, en Italie centrale. Dans les épaves, l'association avec les premiers chargements de campanienne A indique qu'elles ont notamment servi à transporter le vin tyrrhénien (Etrurie, Latium, Campanie).
L'hypothèse d'une fabrication espagnole repose sur une unique amphore portant un timbre en écriture ibérique, trouvée à Ensérune. Mais, comme le montrent les marques peintes de Vieille-Toulouse (Vidal 1983), ce timbrage peut refléter la prise en compte par un fabriquant italien du rôle des courtiers ibères dans la distribution de ces amphores dans la partie occidentale du Languedoc.
Etudes régionales de référence pour les amphores gréco-italiques
Provence: Benoit 1957; 1961; Gateau 1990.
Languedoc oriental: Py 1990, 579-581; Py 1990A.
Languedoc occidental: Solier 1979; Vidal 1983; Bats 1986.
Catalogne: Sanmarti 1985; Nolla 1989.