Amphores grecques
[Michel Py
Jean-Christophe Sourisseau]
Les amphores grecques -autres que les productions des cités grecques occidentales : cf. ci-après, A-MAS (pour les marseillaises) et A-MGR (pour les conteneurs de Grande-Grèce)- représentent une véritable nébuleuse : de fait, il n'est guère de cité importante, et souvent moindre, qui n'ait produit ses propres amphores. Et parfois, ce qui complique notablement le problème, en prenant pour modèle une forme créée par une autre cité (Hesnard 1986). C'est dire que la différenciation des productions est souvent délicate sur les simples critères de forme, voire même sur des observations techniques (argile, dégraissant...). Les analyses, sur ce point, ont apporté (Dupont 1982; Whitebread 1986...) et apporteront des précisions essentielles, de même que la prospection et le repérage des ateliers (Empereur 1986; Garlan 1988).
Il est de tradition, bien que non toujours fondé, de distinguer les amphores archaïques et classiques des productions hellénistiques. Pour la première période, s'étalant du VIIe au Ve s. av. J.-C., les centres de production sont déjà nombreux. On peut les regrouper en deux zones principales.
Les amphores grecques orientales présentent encore des problèmes d'attribution dont on verra un résumé dans Dupont 1982, et une discussion à propos des découvertes italiennes (p. ex. Slaska 1978; Cavalier 1985; Di Sandro 1986; Rizzo 1990...). Les résultats récemment acquis mettent en avant les ateliers de Chios, de Clazomènes, de Milet, de Lesbos, de Thasos, de Péparéthos-Ikos, de Mendé et de Samos. En l'état des connaissances, le répertoire présenté reste simplificateur. En effet, on notera que des amphores qui ont pu être attribuées à Samos (Grace 1971) seraient en fait des conteneurs de Milet (Dupont 1982). De plus, certaines de ces mêmes amphores de Milet seraient plus probablement produites dans la basse vallée du Méandre. En ce qui concerne, les productions de Lesbos, des travaux récents (Clinkenbeard 1986) tendent à montrer qu'une partie des amphores traditionnellement attribuées à la cité orientale, auraient pu être fabriquées à Thasos ou dans une zone proche (groupe des amphores dites 'fractional red'). La notion déjà ancienne de 'Cercle Thasien' (Zeest 1960), ne serait donc pas complètement désuette. Une dernière remarque concerne les amphores de Clazomènes qui n'ont fait l'objet que d'une seule et unique étude (Doger 1986). En l'attente de confirmations ou d'études critiques complémentaires et dans la mesure ou ces travaux ne sont publiés que sous forme résumée, nous invitons le lecteur à une prudence objective. Cette dernière recommandation s'applique d'ailleurs à l'ensemble du catalogue concernant les amphores grecques orientales, car les rares spécialistes ou les fouilleurs des sites concernés par de telles productions ne sont pas encore en mesure de tenir un discours très assuré. Nous ne présenterons donc qu'un état, le plus précis possible, des connaissances actuelles. Enfin, nous n'avons pu prendre en compte un certain nombre de centres producteurs récemment reconnus et pour lesquels nous ne disposons pas de documentation graphique suffisante ni d'études de détail (en particulier pour des centres comme Akanthos et plus largement toute la Chalcidique, ainsi que la mer Noire). Pour l'ensemble de ces problèmes, on consultera les contributions spécialisées dans l'ouvrage édité par J.-Y. Empereur et Y. Garlan (Collectif 1986).
Le deuxième groupe est celui de Grèce propre et des îles attenantes, principalement Athènes, à laquelle on attribue depuis Johnston 1978 la quasi totalité des amphores 'SOS' et la majorité des amphores 'à la brosse' (une partie de la production serait cependant originaire de Chalcis d'Eubée); Corinthe, dont la fabrication d'amphores commerciales, s'étendant sur plusieurs siècles, a été classée par Koehler (1978; 1979; 1981) en deux séries principales, A et B. Des travaux récents, menées à la suite de la découverte de fours sur l'île de Corcyre ont obligé les chercheurs à nuancer les premières conclusions. Ainsi, si on suit les travaux de Kourkoumélis 1988, la totalité des amphores de type B seraient des productions de l'île de Corcyre. Un dossier critique sur ces sujets (Py 1990, 534-536; Gras 1987, 44-45 et Sourisseau 1991) et s'intéressant plus particulièrement aux exemplaires archaïques, tend à formuler l'hypothèse d'une fabrication des conteneurs de type B, les plus anciens, dans une ou plusieurs officines occidentales. Dans l'état, nous nous tiendrons à une présentation, sans doute provisoire, qui ne fait intervenir que la distinction entre Corinthe et Corcyre, en ayant à l'esprit le caractère simplificateur et formel de ce choix. Nous évoquerons également les productions laconiennes (Sparte) qui ont fait l'objet d'une étude sérieuse (Pelagatti 1989).
Les amphores grecques hellénistiques (IVe-Ier s. av. n. è.) ont fait l'objet récemment d'un dossier critique auquel il suffira de renvoyer (Empereur 1987). Sont alors particulièrement actives les officines de Rhodes, de Cnide, de Chios, de Cos, de Thasos, de Samos, de Sinope, etc... Le timbrage, non envisagé ici, forme à cette phase une partie importante des études amphoriques.
Pour les références concernant les divers groupes et lieux de production, on se reportera au catalogue qui suit. Le classement adopté tient compte dans la mesure du possible des provenances et des attributions, dont l'intitulé abrégé (par ex. 'Att' pour attique), contribue à la formation du numéro de chaque série et de chaque forme. Les équivalences avec d'autres classifications numérotées (d'ailleurs curieusement peu nombreuses pour ce matériel) sont indiquées dans le commentaire. Ne cachons pas cependant ce que ce classement par centre producteur peut avoir de formel: il traduit l'état des connaissances -ou plus exactement des méconnaissances- sur un mobilier qui constituera encore pour de nombreuses années un sujet de recherche fécond.
Etudes régionales de référence pour les amphores grecques
Provence: Villard 1960; Benoit 1965; Bouloumié 1976; Long 1992; Sourisseau, à paraître.
Languedoc oriental: Py 1984; 1990.
Languedoc occidental: Nickels 1987; 1989.
Catalogne: Almagro 1949A; 1954; Miró 1989; Sanmartí 1991; Rouillard 1991; Sanmartí, sous presse.