Amphores ibériques


[Pere Castanyer
Michel Py
Enric Sanmartí
Joaquim Tremoleda]

La question de la typologie des amphores ibériques est l'une des plus problématiques et complexes. Ceci est dû, surtout, à deux facteurs: d'un côté leur similitudes avec les types phénico-puniques, desquels elles s'inspirent; de l'autre, la grande variabilité morphologique des différentes variantes. Les dénominations qu'ont reçues ces amphores sont diverses et peu précises: 'à bouche plate', 'de la côte catalane', 'gréco-puniques', 'ibéro-puniques', 'en forme de carotte', etc...
Les caractéristiques les plus notoires de cette série d'amphores sont: le manque de col; un bord peu développé; un corps cylindrique dont la partie supérieure est plus large que la partie inférieure, cette dernière s'achevant part un fond en pointe creuse; souvent, ces amphores présentent des stries de tournage, y compris sur la surface extérieure; leurs anses sont peu développées, circulaires ou en forme d'oreille, à section ronde avec parfois une cannelure verticale; leur hauteur se situe en général aux alentours de 80 cm.
Les prototypes les plus anciens trouvent leur origine en Méditerranée orientale, à partir du VIIIe s. av. n.-è., avec l'amphore type Mañá A1 (Cf. A-PUN A1). Ce prototype phénicien, utilisé pour le transport de l'huile ou du vin, est reconnu dans les gisements ibériques à partir de la fin du VIIe s. et de la première moitié du siècle suivant, où ils sont parvenus assurément par le relais d'Ebussus. Entre le VIe et le IIIe siècle, les exemplaires proprement ibériques ont des pâtes à dégraissant calcaire, fines, de couleur beige ou orangée. A partir du IIIe siècle, on assiste à un changement dans la technique de cuisson avec l'apparition de pâtes très cuites, minces, rendant un son métallique et à double coloration: grise et rougeâtre, ce qu'ordinnairement l'on appelle les pâtes 'sandwich'.
La première classification ayant jeté les bases d'une systématisation fut celle de J. M. Mañá (Mañá 1951), reprise et améliorée plus tard par R. Pascual (Pascual 1974). De nos jours, nous manquons encore d'une typologie spécifique sur les amphores ibériques, bien qu'existent de nombreuses études ponctuelles sur des amphores trouvées sur différents sites (bibliographie ci-dessous) ou des enquêtes régionales (Benoit 1959; 1961A; 1965; Solier 1968; 1979; Llobregat 1976; Florido 1984; 1985; Ribera 1982) et quelques approches plus générales (Jully 1975B; Miró 1984). La classification des différentes variantes utilise ici les travaux de Mata 1992 pour les types archaïques dérivés des formes phéniciennes, de Ribera 1982 et de Solier 1968 pour les types d'époque ibérique pleine.
Parmi les formes définies par Mañá, seul le type B3 correspond aux amphores proprement ibériques. Mais à l'intérieur de cette forme globale, il existe une très grande diversité: ce fait rend difficile la mise au point d'une typologie et d'une relation typo-chronologique, qui d'après certains auteurs demeure impossible à saisir (Miró 1984). Chez les producteurs de ces amphores, l'intérêt principal fut apparemment focalisé, plus que sur le conteneur, sur le contenu. D'autre part, la grande variabilité dont ces formes font preuve paraît due à une atomisation des centres de production artisanaux. Tout se passe comme s'il s'agissait d'un conteneur non normalisé, issu d'un modèle mental commun à tous les potiers, interprété de multiples façons sans s'éloigner jamais beaucoup du prototype.
Le produit contenu dans ces amphores demeure inconnu. On a émis récemment l'hypothèse qu'elles aient servi à transporter des céréales, surtout à l'époque de leur plus large diffusion. On pense aussi que ces vases ont été beaucoup employés pour le stockage.
La zone de production s'étend à partir du Pays Valencien jusqu'au Roussillon, et peut-être jusqu'au Narbonnais.

Etudes régionales de référence pour les amphores ibériques

Provence-Languedoc: Benoit 1959; 1961A; 1965; Solier 1968; 1979; Jully 1975B.
Catalogne: Pericot 1951; Almagro 1953; Barbara 1968; 1969-1970; Cura 1969; Junyent 1972; 1972A; Martin 1977; Hernández 1983; Miró 1984.
Pays Valencien: Llobregat 1976; Ribera 1982; Mata 1992.

Types