Amphores massaliètes
[Michel Bats]
Les amphores produites à Marseille présentent une remarquable continuité dans l'aspect de leur pâte. On peut dater leur apparition vers 540 av. J.-C. dans une pâte claire, rose ou jaune, à dégraissant feldspathique attestée par des surcuits et des rebuts de cuisson en divers points de la ville. Sa forme en toupie appartient à la grande série des amphores dites souvent 'ionio-massaliètes', proches aussi des amphores corinthiennes B, fabriquées vraisemblablement dans plusieurs cités grecques d'Occident, et classées ici sous le numéro A-MGR 2. Vers 525, apparaît une nouvelle pâte, rose à jaune-ocre, à dégraissant de mica soit en paillettes de taille diverse, soit en grosses parcelles 'en écaille de poisson' accompagnées nodules rougeâtres, qui restera jusqu'à l'arrêt de la production la caractéristique des amphores massaliètes malgré les modifications de formes.
L'identification comme massaliètes et les prémices d'une typologie reviennent à Fernand Benoit (1955). A la fin des années 1970, indépendamment l'un de l'autre, M. Py (1978C) et G. Bertucchi (1979=1992) arrivent à des résultats concordants concernant la typologie et la chronologie. Aujourd'hui, on utilise leur double classification, l'une pour l'évolution des bords, complétée à la suite des recommandations de la table ronde de Lattes (Bats dir. 1990), l'autre pour la numérotation des formes. Les concordances paraissent s'établir de la façon suivante:
- forme Bertucchi 1 avec bords Py 1, 2, 3: v. 540-premier quart du Ve s.
- forme Bertucchi 2 avec bords Py 2, 3, 3/5, 4: fin VIe-fin Ve s.
- forme Bertucchi 3 avec bords Py 4, 5, 6: milieu Ve-IVe
- forme Bertucchi 4 avec bords Py 5 à 9: IVe-IIIe s.
- forme Bertucchi 5 avec bords Py 7 à 10: v. 275-v. 125
Il faut ajouter une forme imitant les amphores gréco-italiques de type 'A-GRE-ITA Lwd', de la fin du IIIe au milieu du IIe s. av. J.-C.
A partir de la fin du IIIe s. les amphores massaliètes disparaissent progressivement de tous les sites de Gaule méridionale où elles représentaient la grande majorité des importations vinaires. La disparition est plus rapide à Marseille même et dans ses colonies, sur les sites côtiers du Languedoc et sur les habitats de l'étang de Berre et de l'arrière pays proche, plus lente sur les oppida de la côte varoise et ceux du Languedoc oriental intérieur. Après -125/-100, et jusque vers -40 plus aucune amphore ne peut être attribuée à une production massaliète (pour la suite de la production, cf. A-M-I).
Etudes régionales de référence pour les amphores massaliètes
Provence: Benoit 1955; Wallon 1979; Joncheray 1976B; Fillière 1978; Arcelin 1990; Bats 1990; Bertucchi 1990; 1992.
Languedoc oriental: Py 1978C; 1990, 554-559; 1990B; Dedet 1990;
Languedoc occidental: Nickels 1990; Garcia 1990; Ugolini 1990; Passelac 1990.
Catalogne: Almagro 1954; Kotarba 1990; Martin 1990; Sanmarti 1990; Sanmarti 1990A.