Amphores de Méditerranée orientale
[Claude Raynaud]
Les amphores orientales circulent régulièrement jusqu'à la fin de l'Antiquité dans les provinces occidentales, véhiculant généralement du vin ou plus rarement des fruits secs ou des saumures de poissons. La place modeste -sauf dans l'Antiquité tardive- de ces importations en Gaule, en Italie ou dans la Péninsule Ibérique, ainsi que la méconnaissance de l'origine de certaines productions, expliquent le regroupement dans une seule classe d'amphores provenant aussi bien de Grèce continentale ou insulaire, d'Egypte ou du Proche Orient. Les recherches de la dernière décennie ont cependant permis de recenser de nombreux ateliers et de caractériser leurs productions, notamment celles des îles de Rhodes, Chypre, Chio et Cos, de la côte de Cilicie, des environs d'Antioche ou encore de la région de Gaza (Desbat 1986c; Empereur 1989); mais dans bien des cas les identifications restent imprécises sans le recours aux analyses physico-chimiques.
Cette diversité des provenances se traduit par la richesse de la typologie, marquée sous le Haut Empire par la concomitance de formes traditionnelles comme les amphores de Cos ou de Rhodes, ou encore par les amphores en obus de tradition punique, concurrencées par les formes fuselées italiques comme la Dressel 2/4. Fort heureusement, cette imitation de modèles occidentaux reste limitée et la typologie conserve son efficacité pour l'identification des amphores orientales, favorisée aussi par la singularité de la plupart des argiles utilisées, souvent reconnaissables à l'oeil et dont nous donnons une brève description avec chaque type.
Longtemps méconnue en Méditerranée occidentale et notamment en Gaule, la part du commerce oriental est désormais mieux perçue, principalement grâce à d'importantes fouilles urbaines livrant des données quantitatives, à Lyon, Marseille, Arles, Narbonne ou Toulon. Sur ce dernier site par exemple, des fouilles récentes ont livré une abondante série d'amphores de Cnide du Ier siècle, réputées jusqu'alors rarissimes (Brun 1992). A Lyon, plusieurs contextes du début de l'Empire permettent de suivre les oscillations du courant oriental, représentant de 20 à 29% du total des amphores commercialisées. Les types principaux sont les rhodiennes et les Dressel 2/4 de Cos (Becker 1986). Par contre, ces productions restent absentes à la campagne, même sur le littoral languedocien où les bourgades d'Ambrussum et de Lunel Viel n'en ont pas livré. Après avoir connu une bonne fréquence aux Ier-IIe s., les arrivages subissent un tassement aux III-IVe s. Un nouvel essor est sensible vers la fin du IVe s. et surtout aux Ve-VIe s. A Arles, Marseille ou Beaucaire au Ve s. les productions orientales représentent près de 40% des amphores . C'est à nouveau en ville que les importations sont les plus abondantes, mais on les trouve régulièrement sur les sites ruraux. La décrue est ensuite sensible au VIIe s., les amphores orientales devenant minoritaires avant de disparaître au profit des africaines (Bonifay 1989).
Les problèmes de chronologie tiennent à la fois à la permanence des formes, longtemps fabriquées et dont les variantes demeurent méconnues, et aux décalages des dates de diffusion entre les régions productrices et les régions importatrices. Par exemple les types Late Roman Amphora 5 et 6, produits en Syrie, en Palestine et en Egypte durant tout le premier millénaire sans grande modification, ne sont importés en Méditerranée occidentale qu'entre le début du Ve s. et le début du VIIe s. La chronologie que nous proposons se fonde donc principalement sur des études consacrées aux sites des provinces occidentales.
Etudes régionales de référence pour les amphores de Méditerranée orientale
En général : Riley 1981; Panella 1986.
Pour la Gaule : Bonifay 1989.