Amphores puniques


[Andres M. Adroher Auroux]


On englobera ici sous le terme d'amphores puniques l'ensemble des types d'ambiance sémitique qui ont connu une certaine diffusion en Méditerranée nord-occidentale. Cette définition large permet d'inclure un répertoire allant des quelques formes d'amphores phéniciennes présentes dans les gisements du Bas Ebre ou du sud de la France, jusqu'au amphores plus répandues du type punique centro-méditerranéen, comme les séries classées par Mañá 1951.
Il est difficile de résumer les caractéristiques techniques de pièces d'une telle diversité de provenance, de tant d'ateliers distincts et d'époques aussi différentes, entre le VIIIe s. av. n.-è. et le Ier s. de n.-è. Néanmoins, en général, les amphores puniques de production phénicienne se caractérisent par une pâte bien cuite, compacte, et contenant une grande quantité de dégraissant de type sableux, avec dans quelques cas une couverte rouge (notamment la forme A-PUN R-4). Parmi les amphores de provenance centro-méditerranéenne, le groupe carthaginois se distingue par sa pâte rose ou jaunâtre, très poreuse, présentant l'aspect d'une pierre ponce, connue sous le nom de pâte type Tagomago, qui se retrouve notamment sur la forme A-PUN A4 provenant de l'épave de Tagomago (Ramon 1985). Ces pièces peuvent présenter fréquemment un engobe blanchâtre en superficie. Cette production présente certaines caractéristiques communes avec les céramiques provenant du Cercle de l'Estrecho.
Le problème de la localisation des ateliers, surtout pour les périodes les plus anciennes, n'est pas encore résolu. Il paraît évident cependant qu'il faut inclure dans la notion de 'phénicien' certaines productions du sud de la Péninsule ibérique, auxquelles appartiennent probablement la plupart des pièces exportées sur l'arc nord de la Méditerranée occidentale.
La typologie de ce groupe d'amphore n'a pas fait l'objet d'une recherche globale et exhaustive. Il existe des essais de systématisation déjà anciens (Cintas 1950; Mañá 1951), qui n'ont pas été complétés depuis. Pour les amphores de type phénicien, on retiendra la typologie de Vuillemot 1965, qui définit un certain nombre de formes d'après les variantes de bord. Pour les amphores de type punique retrouvées dans le monde ibérique, la typologie de base reste celle de Mañá 1951, complétée sur certains aspects par les travaux de Guerrero 1986 et Bartoloni 1988. En ce qui concerne les amphores découvertes en Espagne méridionale, on a tenu compte d'une récente typologie élaborée sur la base des résultats des fouilles de Cadiz, qui résume les données acquises pour la période archaïque dans le Cercle de l'Estrecho. Enfin, pour ce qui concerne Carthage, on a utilisé aussi la typologie proposée par Chelbi 1991 (numéros de formes précédé du sigle 'Ch'). Voir des points d'information sur la typologie de ces amphores dans Ramon 1981 et Empereur 1987.
Il est évident que l'influence des amphores puniques sur les productions ibériques fut particulièrement forte. On ne peut nier l'existence de relations directes entre le type A-PUN R-1 et les premières productions de l'Ibérique antique méridional. Non moindre fut l'impact des productions centro-méditerranéennes du type Mañá D et leurs variantes dans le monde occidental. Reste à résoudre le problème des relations avec les productions du groupe Mañá C, dont certaines se retrouvent dans le Cercle de l'Estrecho (cf. Ponsich 1968), et qui pourraient être morphologiquement à l'origine des amphores de Bétique du type Dressel 7-11.
Les amphores puniques sont en général considérées comme le moyen de transporter deux produits: le vin et les saumures (garum). Certaines paraissent clairement liées à l'une de ces deux denrées: vin pour les amphores phéniciennes archaïques, garum pour les amphores du Cercle de l'Estrecho. Il reste cependant impossible de décider pour les productions centro-méditerranéennes.
La diffusion des différents types d'amphore punique est variable selon les origines et la chronologie. Ainsi, les séries anciennes sont très sporadiques dans l'arc méditerranéen nord-occidental, l'Ebre constituant apparemment la frontière de l'expansion vers le Nord (Alaminos 1991). Les productions centro-méditerranéennes, dont la période maximale de diffusion est le IVe s. av. n.-è., sont abondantes sur le littoral de la Péninsule Ibérique, et représentées en petit nombre mais avec une certaine constance dans le sud de la France, jusqu'à la fin du IIIe s. Partout cependant, ces importations ont une diffusion limitée aux zones côtières et ne pénètrent que rarement dans l'intérieur.

Etudes régionales de référence pour les amphores puniques

Provence: Benoit 1965; Gantès 1980.
Languedoc oriental: Barruol 1978; Py 1990, 596-597; Py 1990A, 344-345.
Languedoc occidental: Solier 1968; 1973; Jully 1983A; Arteaga 1978; 1986.
Catalogne: Maluquer 1969; Ribera 1982, 95-97; Jully 1983A; Ramon 1986; Alaminos 1991; Oliver 1991; Arteaga 1978; 1986; Miró 1989.

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