Céramique attique à figures rouges
[Andres Adroher
Pere Castañer
Michel Py
Enric Sanmartí
Joaquim Tremoleda]
Vers 530, coïncidant avec la tyrannie des Pisistratides, se place l'invention proprement athénienne de la technique de la figure rouge, mise à point par le Peintre d'Andokides. Cette technique est l'inverse de celle de la figure noire: désormais les motifs ne seront plus réalisés sur des silhouettes peintes en noir, mais dans le cadre de zones réservées, cernées par une ligne de contour puis par le vernis noir qui couvre l'ensemble du vase. C'est dans ces zones que le dessinateur, en se servant d'un pinceau, introduira les traits visant à obtenir les détails anatomiques ou autres, qu'auparavant, sur la figure noire, on complétait à l'aide d'un stylet. Cette nouvelle technique, incomparablement plus souple, permet aux artistes de se libérer des contraintes de la frontalité et, petit à petit, de représenter la figure humaine de face, de côté et de trois-quarts, tout en lui ajoutant au besoin nombre de détails jusqu'alors difficiles, voire impossibles, à rendre au moyen des traits gravés.
L'apparition des figures rouges de style sévère coïncide avec la rupture de la vogue de la tradition orientalisante et marque l'apparition d'un courant artistique purement grec où l'être humain devient le sujet principal de l'art figuratif. A partir de ce moment, si les scènes mythologiques ne font pas défaut, ce sont surtout les scènes de la vie quotidienne qui vont l'emporter, par l'introduction de thèmes coutumiers, qui deviendront une source inépuisable d'information ethnologique pour le chercheur moderne. Néanmoins, le passage à cette nouvelle technique ne s'est pas fait sans hésitations de la part des artistes qui au départ non seulement ont mélangé les deux méthodes sur une même image, mais ont aussi peint des vases bilingues sur lesquels on retrouve, sur l'une et l'autre face, les mêmes scènes peintes soit en rouge, soit en noir.
L'histoire de cette production est très longue: elle s'étend depuis 530 jusqu´aux environs de 320 av. notre ère, ce qui entraîne necessairement l'existence de diverses phases. La production débute avec le style sévère (-530/-480) qui correspond à l'archaïsme mûr. Vient ensuite la longe période du style libre (-480/-380) dans laquelle on trouve d'abord le 'premier classicisme' (-480/-450), puis le 'classicisme mûr' (-450/-425) et, finalement, le 'style fleuri' (-425/-390). Après la perte de la guerre du Péloponnèse et l'anéantissement de l'empire athénien, on constate une décadence de plus en plus prononcée qui entraîne une répétition banale des sujets précédents; néanmoins, vers -370, un regain de qualité se produit, qui va durer jusque vers -320 : il s'agit du 'style de Kertch'.
L'exportation des vases à figures rouges compte parmi les activités les plus lucratives auxquelles s'est livrée Athènes, d'autant plus que cette production, avec les vases à vernis noir issus des mêmes ateliers, est la seule céramique qui ait fait l'objet d'exportations massives dans le courant des Ve-IVe siècles, atteignant l'ensemble des contrées situées entre la Mer Noire et l'extrême Occident méditerranéen.
Dans les régions riveraines du Golfe du Lion, l'arrivage de la céramique attique ne se fait pas de façon homogène. La situation est en effet différente dans le secteur situé entre Agde et Emporion où, à partir du premier quart du Ve s. jusqu´à la fin de la production, on voit une importation constante et abondante de vases de ce style; et le Languedoc oriental et la Provence, où les importations restent beaucoup moindres.
Bien que connus de très longue date, les vases à figures rouges, à l'instar de leurs homologues à figures noires, n'ont pas fait l'objet de typologies analytiques, et ceci en raison de leur riche décor figuré qui a incité les chercheurs à des investigations se rapportant surtout à l'étude iconographique et à l'histoire de l'art.
En ce qui concerne la typologie, on s'est référé principalement (comme pour les figures noires) à Caskey 1922, Richter 1935, Bloesch 1940, Cook 1960 et Beazley 1968. Le système de classement employé ici est identique au précédent (notamment en ce qui concerne les séries '0'), et complémentaire (les mêmes formes prennent le même numéro et les numérotations se complètent).
Pour les références bibliographiques concernant les noms de formes de vases, comme pour la bibliographie régionale, on se reportera également ci-dessus à la notice de la céramique attique à figures noires.