Campanienne A
[Michel Py]
La campanienne A est l'une des céramiques campaniennes dites 'universelles', à cause d'une part de sa large diffusion, et d'autre part de sa place parmi les trois classes de campaniennes précocement définies (dès 1950) par Nino Lamboglia. Il s'agit globalement d'une vaisselle archaïsante, prolongeant jusqu'à la fin de l'époque républicaine des particularités (formes et aspect) héritées de la céramique attique à vernis noir.
Les caractères techniques ont été souvent décrits (voir entre autres Lamboglia 1950, 65; 1952, 140; Morel 1963, 17; 1965, 16; 1981, 47; Py 1976): céramique tournée à pâte de ton rouge-brunâtre à rouge-rosé, plus ou moins résistante, plus ou moins granuleuse (selon les phases notamment); vernis noir à reflets métalliques, de qualité inégale (décroissante), avec fréquemment des traces rougeâtres autour du pied.
Bien qu'au départ N. Lamboglia ait eu une conception assez large de cette catégorie, incluant nombre d'ateliers qui en sont aujourd'hui distingués, on réserve maintenant le terme de campanienne A aux productions de Naples/Ischia.
Plusieurs périodes ont été reconnues dans la longue histoire de la campanienne A.
Produite dès le IVe s. (phase primitive) mais ne sortant guère alors des environs immédiats du lieu de fabrication, elle est exportée vers le Golfe du Lion dès les trois premiers quarts du IIIe s. (phase archaïque, v.280-220), en très petit nombre cependant (voir les attestations publiées à Marseille: Gantès 1990; Olbia: Bats 1988; à Lattes: Py 1990A).
L'exportation de la campanienne A s'amplifie très vite à la fin du IIIe s. et au début du IIe s. (phase ancienne, v.220-180), comme le montrent à la fois les découvertes dans les sites terrestres et les épaves (notamment celle du Grand Congloué: Benoit 1961). Elle atteint son apogée au cours et surtout à la fin de la phase moyenne (ou classique) (v.180-100), où elle domine le marché de la Méditerranée occidentale.
Dans sa phase tardive (v.100-40), elle subit la concurrence des autres classes de 'campanienne universelle' (C et surtout B), jusqu'à devenir minoritaire dans certaines régions, tandis qu'elle garde jusqu'à la fin une position prépondérante dans d'autres (notamment la basse vallée du Rhône, où elle sera diffusée plus longtemps qu'ailleurs, jusque vers -25: Arcelin 1978; Dedet 1979).
Bien que plusieurs types (cf. 27ab, 36, etc...) soient d'une longévité remarquable, à chaque phase correspond un groupe de formes caractéristiques, notamment
-phase archaïque: CAMP-A 23, 27a-b, 28a-b, 42Bc, 59.
-phase ancienne: CAMP-A 23, 27a-b, 28a-b, 31a, 33a, 33b, 34a et b, 36, 42Bc, 45, 48A, 48B, 49A, 49B, 55, 59, 68, 1311, 3421.
-phase moyenne: CAMP-A 5, 6, 8B, 25, 27a-b, 27Ba, 27Bb, 27c, 28ab, 31a, 31b, 33b, 34a et b, 36, 42Bc, 48A, 48B, 49A, 55, 68, 3421.
-phase tardive: CAMP-A 5/7, 6, 27Bb, 27c, 31b, 36, 113, 2632, 2943, 2974.
A de rares exceptions près, ces formes correspondent à une vaisselle de table: vases à boire (coupes avec ou sans anses), à servir et à manger (plats et assiettes). Les vases à boire notamment, très présents dans les deux premières phases, ont accompagné dans les mêmes bateaux la diffusion du vin italien, qui progresse selon le même rythme.
Les vases campaniens A portent parfois des décors, plus abondants, plus soignés et plus variés aux IIIe-IIe s. qu'au Ier s.:
-palmettes imprimées sur les coupes larges et quelques formes d'assiette (36, 55...), à dessin en relief (technique héritée des dernières séries attiques à vernis noir), le plus souvent entourées de guillochis, toujours au nombre de quatre et disposées de manière radiale; cette décoration, très fréquente durant les phases ancienne et moyenne, tend à disparaître peu après -100 (les dernières palmettes prenant un dessin 'en feuille de lierre')
-rosettes imprimées au centre des coupes et coupelles; dessins complexes (pétales nombreuses, parfois évidées, complétées de traits, points, etc...) aux phases archaïque et ancienne; beaucoup plus simple à la phase moyenne
-rehauts de peinture, soulignant parfois une guirlande incisée (notamment sur les bols 31a); peuvent être bicolores (violet et blanc) à phase archaïque; filets parallèles blancs près des bords des bols et des kylix au IIe s.; cercles au fond des bols (notamment les bols 31b) aux IIe et Ier s.
-rares décors en relief (cf. bols 33a, guttus 45).
Les codes adoptés dans ce répertoire pour numéroter les principales formes de campanienne A rencontrées dans l'aire géographique concernée dérivent pour la plupart de la Classification préliminaire de N. Lamboglia (1952) et des compléments apportés par ce même auteur dans plusieurs articles postérieurs. Les formes non définies -ou insuffisamment définies- par Lamboglia sont cataloguées soit sur la base de propositions complétant la numérotation de cet auteur en en respectant la logique, soit par référence à la classification générale de la campanienne de Morel 1981. Pour tous les numéros ne relevant pas de cette dernière, on fournit les équivalences avec les formes (attestées en campanienne A) de cette typologie générale.
Etudes régionales de référence pour la campanienne A
Provence: Arcelin 1973; 1975; 1978; 1980; Gantès 1978; ; Cayot 1984; Bats 1988.
Languedoc oriental: Py 1967; 1976; 1978; 1978A; 1980; 1981; 1990; Dedet 1974; 1978; 1979.
Languedoc occidental: Jannoray 1955; Solier 1973; 1980; Gallet de Santerre 1980; Rancoule 1980.
Catalogne: Sanmartí 1978; Junyent 1974; Martín 1974.