Céramique à pâte claire engobée de Gaule méditerranéenne

[Claude Raynaud]

Par ses caractères techniques et le soin attaché à sa réalisation, cette céramique occupe une place intermédiaire entre les céramiques communes à pâte claire récentes possédant un répertoire de formes et des fonctions très proches, et les céramiques fines, dont elle partage la vocation de vaisselle de table. On connaît par exemple dans l'atelier savoyard d'Aoste, une production de vaisselle engobée imitant un service de céramique sigillée, vers la fin du Ier siècle (Laroche 1987). Selon la qualité des vases et leur forme, on peut donc être tenté d'attribuer les exemplaires les plus soignés à une céramique fine comme notamment la Claire B ou la Luisante (cf. CLAIR-B, LUIS), ou au contraire à la vaisselle claire récente (CL-REC), si l'engobe n'est pas conservé. Cette ambiguïté provient probablement aussi du fait que certains ateliers de céramiques fines ont pu produire des séries non décorées ou de qualité moyenne, comme c'était le cas dans l'atelier de Générac (Gard) au IVe s., où l'on produisait conjointement lampes, céramique estampée grise ou orangée et vaisselle simplement engobée (Raynaud 1982, fig.9 et p.338). Pour ces raison, on l'étudie tantôt avec les poteries fines (Fiches 1976, 65: céramique à vernis argileux), tantôt avec les productions communes (Raynaud 1990). En faveur de son classement en céramique commune, soulignons la diversité des caractères techniques ainsi que la faible standardisation des types, au sein desquels existent de nombreuses variantes. Partant de cette définition, nous avons exclu de la typologie des claires engobées les imitations de sigillée de la période augustéenne, productions abondantes traitées pour la Gaule du sud séparément dans la catégorie des pré-sigillées gauloises (cf. PRE-SIGGA).
La pâte est calcaire, sa couleur varie selon le mode de cuisson, généralement beige clair ou beige orangé en mode A (réducteur-oxydant), plus rarement grisâtre en mode B (réducteur-réducteur) (Picon 1973). La texture est fine, serrée et de dureté variable, allant du dur au tendre. L'engobe est brun orangé, orangé ou gris, selon le même critère de variation que la pâte. Son aspect est semi-mat ou brillant, son adhérence varie entre la meilleure qualité et la plus médiocre, les vases ne conservant parfois que des parcelles d'engobe, dont l'identification requiert un examen attentif. De nombreux exemplaires portent un pseudo-engobe obtenu par lissage avant la cuisson. Les vases sont généralement engobés seulement sur leur partie supérieure, à l'extérieur et sur la lèvre.
Couramment utilisée en Gaule méridionale du Ier au Ve s., cette céramique reste méconnue. La diversité des formes et des pâtes suggère une production dispersée dans de nombreux ateliers. Deux sont connus en région lyonnaise, celui d'Aoste et celui de Saint-Romain-en-Gal, mais leurs productions n'atteignent pas le Midi et n'ont donc pas été retenues (Desbat 1986C; Laroche 1987). En Gaule méditerranéenne, les seuls ateliers repérés sont ceux de Lorgues dans le Var (Pasqualini 1985) et de Générac dans le Gard (Raynaud 1982)., mais leurs aires de diffusion demeurent à étudier. Dans le cas de Lorgues, la carte de répartition des produits révèle une diffusion locale. L'existence d'autres ateliers régionaux est très probable en Languedoc, où l'on observe une typologie spécifique. La chronologie de la production est mieux perçue grâce à l'étude de nombreux sites utilisateurs.
Le classement des types reprend les principes généraux établis pour les céramiques communes gallo-romaines, avec une lettre pour chaque famille de forme: A pour les urnes, B pour les bols, coupes et marmites; C pour les plats; D pour les mortiers, E pour les couvercles, F pour les cruches, G pour les pichets et gobelets, H pour les jarres et amphorettes, I pour les formes diverses. Les numéros de type sont par contre indépendants de la typologie des autres catégories.

Etudes régionales de référence pour la céramique à pâte claire engobée de Gaule méditerranéenne

Provence: Pasqualini 1976.
Languedoc oriental: Fiches 1976, 65; Py 1981A; Raynaud 1990.

Types