Céramique à pâte claire récente

[Michel Py]

On dénomme ici 'claire récente' la céramique à pâte jaune clair, jaune beige ou jaune rosé (de composition calcaire) prenant la suite des pâtes claires massaliètes et apparentées. Il s'agit d'abord d'importations italiennes (IIe s. av. n. è.-Ier s. de n. è.), que l'on retrouve dans les épaves en compagnie des amphores italiques et de la campanienne, comme sur les sites terrestres de redistribution et de consommation. Mais ces vases, parce qu'ils rappelaient de très près les productions antérieures traditionnelles, aussi bien par leur technique (argile épurée, poreuse, cuisson oxydante à température peu élevée) que par leurs formes (principalement des cruches), vont être immédiatement et abondamment imités: à Marseille même, bien sûr, mais aussi dans de nombreux ateliers régionaux et locaux de Gaule méridionale et de Catalogne.
Au Ier s. av. n. è., plusieurs ateliers à diffusion micro-régionale créent des formes originales: ainsi dans la région du Bas-Rhône les urnes à anses collées (CL-REC 11a), puis les urnes à anses verticales (CL-REC 12a-12c), dans le Vaucluse les cruches à bec (CL-REC 6a), etc...
A l'époque impériale, où cette céramique demeure très longtemps abondante (de 40 à 25% des céramiques communes entre le début de notre ère et le milieu du Ve s. en Languedoc oriental: cf. Raynaud 1990, 222-224), les formes se standardisent, et, quoiqu'elles restent diverses et produites dans des centres nombreux et dispersés, se conforment de plus en plus à une typologie commune au monde romain occidental (voir les multiples comparaisons entre les types présents ici et ceux d'Italie, d'Espagne, du limes germanique...).
Le répertoire est d'abord dominé par les vases destinés à contenir, transporter et surtout verser l'eau, sans doute parce que celle-ci pouvait être maintenue fraîche par la porosité des parois. Si les profils se diversifient à partir de l'époque augustéenne, avec l'apparition de gobelets (certain à usage votif, comme CL-REC 8a-8f: cf. Fiches 1978), d'urnes, de jattes, les cruches restent toujours majoritaires. Le lien entre cette céramique et la boisson est évident, en complément des kylix ou coupes à boire en céramique à engobe ou vernis.
Force a été d'employer, pour les formes de claire récente, un classement nouveau: car dans les régions concernées (contrairement à d'autres: cf. Schindler 1989), aucune typologie globale n'avait été élaborée pour cette catégorie, en général traitée de manière groupée avec les autres céramiques communes (voir les essais de Vegas 1973; Beltrán 1990, 192-199; Casas 1990); seules existent des études ponctuelles, dont les plus intéressantes sont celles concernant la production de certains ateliers (p. ex. Laroche 1987; Laubenheimer 1990). La codification utilisée ici définit des séries, numérotées de 1 à n, qui peuvent servir notamment à classer certains éléments fragmentaires. A l'intérieur des séries, les variantes reconnues régionalement sont distinguées par l'ajout d'une lettre minuscule. Pour les cruches, très abondantes, plusieurs séries ont été créées selon la forme du bord (1: déversé, 2: épaissi, 3: à gorge intérieure, 4: mouluré, 5: en bandeau mouluré, 6: trilobé), celui-ci étant l'élément le plus souvent reconnaissable dans un lot de tessons.

Etudes régionales de référence pour les céramique à pâte claire récentes

Vallée du Rhône: Laroche 1980; 1987; Desbat 1979.
Provence: Benoit 1961; Dumoulin 1965; Arcelin 1973, 145-163; 1975; 1978A; 1979; Congès 1987.
Languedoc oriental: Barruol 1969; Py 1972A; 1978, 251-253; 1990, 583-588; Dedet 1978A; Garmy 1981; Raynaud 1990; Fiches 1986; 1989.
Languedoc occidental: Passelac 1970; Gallet de Santerre 1980.
Catalogne: Almagro 1953; 1955; Vegas 1973; Cerda 1980; Casas 1990.

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