Céramique africaine Claire A
[Claude Raynaud]
L'émergence de la céramique claire A vers la fin du Ier s. de notre ère marque le début d'un puissant courant commercial qui diffusera la vaisselle fine nord-africaine dans l'ensemble du bassin méditerranéen durant la période impériale et l'Antiquité tardive. A partir d'une zone de production que l'on situe en Tunisie centrale, les débuts de la diffusion sont sensibles en Maurétanie et en Proconsulaire dans les années 70-80, puis en Italie du Sud entre 80 et 90, en Ligurie entre 90 et 100, en Gaule méditerranéenne autour du changement de siècle (Tortorella 1987, 282).
Si cette vaisselle de table s'inspire largement, pour sa couleur, son vernis et ses formes, des céramiques sigillées italique et sud-gauloise, ou encore la vaisselle à parois fines, elle adopte aussi des formes locales contribuant à créer un répertoire diversifié. La pâte est rouge-orangé ou rouge-brique, de texture granuleuse contenant de fines particules de mica, de quartz ou de calcaire, avec une couleur identique en épaisseur et en surface. Celle-ci est souvent bosselée et porte un vernis rouge brillant de belle qualité, couvrant généralement la totalité du vase. Les vases sont majoritairement lisses, mais on observe des décors guillochés sur les bords, ou les excisions géométriques sur les panses, et plus occasionnellement des reliefs moulés ou des médaillons d'applique. Cette qualité supérieure correspond aux premières phases de production A1 et A1/2, couvrant la fin du Ier et le IIe s. Progressivement, la diffusion s'étend, atteignant la côte atlantique du Portugal et du Maroc, l'Adriatique et la Grèce, puis dans une moindre mesure la Méditerranée orientale.
Une troisième phase correspond, au IIIe s., à la production A2 à pâte plus granuleuse que les précédentes, à vernis opaque moins soigné, et à la claire A/D à pâte rouge granuleuse et vernis épais brillant tendant à s'écailler. Ces groupes de transition préludent à l'apparition de la claire D, dont ils livrent quelques prototypes de formes: grandes coupes ou larges plats à marli. La concurrence de la claire C s'exprime par ailleurs dans la production de formes identiques. Il s'agit alors d'une fabrication de masse très standardisée, avec un répertoire renouvelé et aux formes moins élaborées que dans les phases antérieures. La diffusion se restreint et notamment, la céramique A/D reste très rare en Gaule méridionale.
La fin de cette production est mal cernée et semble très progressive. Les céramiques claire A2 et A/D sont associées à la claire C et D dans des contextes de la fin du IIIe et du début du IVe s.
Comme pour les autres vaisselles nord-africaines, nous avons retenu la typologie de J. W. Hayes, complétée et corrigée par les mises à jour et les formes nouvelles de l'Atlante (Hayes 1972; Atlante 1981). Par rapport à cette dernière étude, un parti pris de simplification a été adopté en regroupant certaines variantes ou en laissant de côté quelques vases uniques ou rarissimes, notamment les vases plastiques zoomorphes, d'un intérêt extérieur à nos préoccupations chrono-économiques. Autre modification, la forme Lamboglia 9a, désormais classée en 'africaine de cuisine', n'a pas été retenue avec la claire A.
Etudes régionales de référence pour la céramique africaine Claire A
En général : Lamboglia 1958; Hayes 1972; Atlante 1981.