Céramique africaine Claire D

[Claude Raynaud]

Dans les premières décennies du IVe s., l'apparition de la céramique claire D participe au renouvellement général des productions de Tunisie septentrionale, particulièrement sensible dans la région de Carthage. Cette nouvelle vaisselle complète la gamme des productions nord-africaines, relayant la claire A/D et concurrençant la claire C, avec laquelle elle partage une large part de son répertoire morphologique. Dominant le marché méditerranéen durant les IVe et Ve s., elle connait encore une production soutenue et une large diffusion jusqu'au milieu du VIe, puis s'efface progressivement dans le courant du VIIe s.
Cette poterie se distingue par sa pâte rouge à rouge brique, avec deux variantes de pâte qui se partagent la production tout au long de ses trois siècles d'existence. La variante D1 se singularise par une pâte orange fine et homogène ou très légèrement granuleuse, ou parfois feuilletée, et un engobe de la même couleur, peu épais et opaque, d'aspect mat ou satiné et couvrant souvent seulement l'intérieur des vases. La variante D2 est orange foncé à rouge brique, plus grossière et granuleuse, avec des cassures irrégulières et émoussées. Elle porte un engobe épais orange clair, rouge ou rose foncé, brillant ou semi-mat tendant parfois à s'écailler, et s'apparente à la claire A/D dont on a souvent du mal à la distinguer. Les formes les plus tardives ont un engobe peu épais, mat.
La diffusion de la vaisselle Claire D est la plus ample et la plus abondante des céramiques fines tardo-antiques. Elle couvre l'ensemble du bassin méditerranéen, la côte atlantique du Maroc à l'Aquitaine, le sud de la Bretagne, l'axe Rhône/Saône/Rhin, et pénètre largement toute la Gaule méridionale et la péninsule ibérique.
Son répertoire morphologique est dominé, comme celui de la C, par de grands plats simples et fonctionnels à la décoration sobre mêlant moulures, impressions et matrices estampées. Schématiquement, on peut distinguer trois groupes principaux d'associations de formes, correspondants à trois temps forts de la production.
La première 'génération' de vases groupe les types du IVe s. qui perdurent jusqu'au milieu du Ve s. On y trouve les plats Hayes 58 et 59, majoritaires au IVe s. et connus sur tous les sites, ainsi que les plats Hayes 61, 67, 68 et 76, un peu moins abondants. Se joignent à ce lot les coupes Hayes 80, 81 et 91A ou B. Stylistiquement, cette génération se distingue par des formes très simples, à fond plat ou légèrement bombé, soulignés par une légère moulure, plus rarement par un petit pied annulaire. Le décor se rattache aux styles Ai-ii-iii de Hayes, aux motifs estampés très simples: rosettes, rouelles, palmettes, plus rarement animaux, et exceptionnellement croix-monogramme. Durant cette phase et celle qui suivra, l'importance de la claire D dans l'économie méditerranéenne se mesure au nombre des imitations qu'elle a suscité dans diverses productions régionales, en Gaule notamment où la céramique luisante, la céramique estampée et la commune kaolinitique ont copié certaines formes africaines.
Le second faciès se marque par la diversification et le renouvellement du répertoire durant la seconde moitié du Ve et les deux premiers tiers du VIe s. Le plat Hayes 87 avec toutes ses variantes est l'un des plus fréquents dès la seconde moitié du Ve s., ainsi que le plat 104A, peut-être plus tardif. Les coupes Martin N.V. IV, Hayes 94, 91C et 99 sont aussi très présentes. Ces deux dernières formes pourraient n'apparaître qu'au début du VIe s. Cette génération se démarque nettement de la précédente par des formes plus complexes, souvent munies de pieds annulaires hauts, avec un style décoratif plus élaboré ou dominent les représentations animalières, anthropomorphes ou chrétiennes (croix, chrismes, monogrammes, bon pasteur, christ). Ce mobilier est encore très répandu mais sa diffusion connait un net fléchissement, surtout sur les sites ruraux.
La génération tardive, couvrant la fin du VIe s. et le VIIe s., amplifie ce mouvement de recul et on ne trouve plus la claire D que dans les granges villes et sur les sites littoraux, comme le montre l'exemple de la Gaule méridionale où de telles productions sont connues seulement à Marseille, Hyères-Olbia et Psalmodi (CATHMA 1986, 36). Les plats Hayes 105 et 109 composent ces lots, avec des coupes 91D et 99. On ne sait pas à quel moment s'arrête la production de ces formes tardives, encore attestées à Carthage et à Istambul vers 675.
Comme pour les autres céramiques africaines, la typologie la plus complète demeure celle de J.W. Hayes, complétée et corrigée grâce à l'Atlante (Hayes 1972; Atlante 1981). Notre répertoire prend en compte seulement les vases ayant fait l'objet d'une diffusion en Méditerranée occidentale. Certaines formes encore non datées et rares ont été écartées, tels par exemple Lamboglia 22, Atl.XLVIII-10, ou encore Atl.LII-1. Le code comporte un numéro simple lorsqu'il reprend la typologie de Hayes ou un numéro précédé d'une abréviation lorsqu'il s'agit de typologies complémentaires: At. (Atlante) ou Mr. (Martin 1977).

Etudes régionales de référence pour la céramique Claire D

Ensemble de la Méditerranée: Hayes 1972; Atlante 1981.
Provence: Bonifay 1983.
Languedoc: Martin 1977.

Types