Céramique non tournée protohistorique du Languedoc oriental



[Michel Py]


La céramique non tournée se définit d'abord par sa technique de façonnage, qui ne fait pas usage du tour rapide (montage au colombin ou par étirement), bien qu'elle comprenne à certaines époques des vases finis ou régularisés sur un tour lent. Elle présente de surcroît un certain nombre de caractères techniques communs sur les différents sites protohistoriques régionaux: argile mêlée d'un dégraissant ajouté plus ou moins finement broyé (calcaire ou calcite le plus souvent); cuisson en milieu fumigé plus ou moins maîtrisée (d'où des couleurs brun-rouge à noir), toujours à des températures relativement basses; finition des surface par polissage (surtout aux phases anciennes), par lissage fini ou ébauché, par peignage avec une raclette dentée, ou bien surface volontairement laissée brute. Les vases reçoivent des décorations diverses selon les époques: incisions fines dans la tradition du Bronze final jusqu'au Ve s. av. n.-è., motifs excisés au tout début du Fer, motifs répétitifs incisés ou imprimés sur les épaules d'urnes ou les lèvres de coupes et de jattes ensuite, peignages horizontaux enfin.
Trois types d'étude ont concerné la typologie de cette céramique en Languedoc oriental: tout d'abord un code analytique des formes et des éléments de forme, permettant une identification des profils complets, des bords, des fonds et des aménagements de surface, dans un but essentiellement descriptif (Dedet 1975). Cette typologie a été abondamment utilisée dans les publications de fouille. Ensuite, des classements locaux, centrés sur un site ou un groupe de site, datant du Premier Age du Fer (Py 1984; Gasco 1984; Prades 1985) ou du Deuxième (Py 1978; Dedet 1987). Enfin, une synthèse régionale, du Bronze final IIIb au Ier s. av. n.-è., concernant la région nimoise (Py 1990, 325-412).
Le classement proposé ici, très simplifié, doit permettre une approche globale et élémentaire des principales formes rencontrées dans une fouille. Il répartit les vases en cinq grands groupes traditionnels, désignés par une lettre:
A : formes spéciales (faisselles...) ou plus ou moins directement imitées d'un prototype tourné
C : vases ouverts simples ou 'coupes'
D : vases ouverts profonds ou 'jattes'
U : vases fermés ou 'urnes'
V : 'couvercles'.
Dans chaque groupe, les formes sont numérotées en chiffre arabe, les variantes à l'intérieur des formes désignées par une lettre minuscule à la suite de ce chiffre, les sous-variantes éventuelles par un nouveau chiffre arabe à la suite de cette lettre.
Pour plusieurs ensembles de formes d'un même groupe, des séries sont définis par un numéro seul: ces numéros génériques doivent permettre de prendre en compte les fragments (notamment de bords) qu'on ne peut attribuer à une forme ou une variante précise.
Sur la plupart des sites indigènes du Languedoc oriental, la céramique non tournée représente une proportion tout à fait dominante du matériel céramique: de plus de 50% à 99% des tessons selon l'époque et le lieu. Il va de soi que pour ces sites, l'analyse préliminaire que permet la présente classification ne saurait remplacer une étude typologique locale précise et détaillée. Pour les sites côtiers cependant, ou pour les époques récentes sur certains oppidums, sur lesquels la céramique non tournée est dans des proportions plus réduites, la définition et la comptabilisation des principales formes peut suffire.
Là où elle prédomine, et a fortiori là où elle représente la quasi-totalité des vases disponibles, la céramique non tournée a pu répondre à tous les usages dévolus à la céramique dans les sociétés protohistoriques concernées: vaisselle de table pour servir, boire et manger, instruments de cuisson et de préparation culinaire, conteneurs à moyen et à court terme, etc... Sur les sites côtiers où elle est minoritaire, et ailleurs aux époques où elle le devient, elle garde principalement une fonction culinaire: urnes et jattes pour cuire, urnes encore pour conditionner, couvercles utilisés lors de la cuisson ou le conditionnement, coupes pour préparer et mélanger, sans compter les usages spécialisés (faisselles pour le fromage par exemple).
Peu de vases ont été diffusés à une échelle supérieure au site (la plupart des cas) ou à la micro-région (cf. atelier A de Nages: Echallier 1984; atelier de Lattes: Py 1990A).

Etudes régionales de référence pour les céramiques non tournées protohistoriques du Languedoc oriental

En général: Dedet 1975; 1976; 1979A; Py 1990.
Premier Age du Fer: Dedet 1978A; 1980; Coste 1976; Gutherz 1976; Py 1979A; 1984; 1985A; Gasco 1983; 1984; Raynaud 1983.
Deuxième Age du Fer: Py 1975; 1978; 1981; 1989; 1990A; Dedet 1968; 1973; 1980A; 1987; Garmy 1980; Charmasson 1981.
Ier s. av. n. è.: Dedet 1981; 1978; Bessac 1979; Echallier 1984; Py 1978; 1986.

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