Céramique non tournée protohistorique de Provence occidentale

[Patrice ARCELIN]


La céramique non tournée se caractérise en premier lieu par une technologie spécifique: la non utilisation de la force centrifuge du tour de potier dans l'élaboration de la forme. Parallèlement à l'usage du colombin arrondi, l'éventail des pratiques s'est enrichi dès le Ve s. (et en pratique, surtout au IIe s.) par le montage en bandes d'argile (parois plus fines, réalisation plus rapide: cf. les productions CNT-BER, CNT-MAS et CNT-ALP). De même sous l'influence générale des céramiques tournées, se manifeste une volonté de régulariser forme (embouchure) et décoration (peignage): l'usage de tournettes plus élaborées est mieux perceptible aux IIe et Ier s. av. n. è. La préparation de la pâte argileuse, les finitions de surface et de décoration, la cuisson enfin sont abordées dans la notice similaire du Languedoc oriental (CNT-LOR). On s'y reportera. Globalement, du VIIe au Ier s. av. n. è., l'évolution des productions se caractérise par la mise en place d'une vaisselle fonctionnelle propre aux cultures de l'Age du Fer, même si la plupart des modèles sont initialement issus des formes de la fin de l'Age du Bronze (l'urne omniprésente, la coupe et la jatte à large fond plat). Le trait dominant de ces sept siècles est la persistance des principaux caractères morphologiques et technologiques définis au premier Age du Fer, même si les évolutions des proportions et des fréquences réciproques sont bien réelles. Les améliorations constatées (tardivement, après le début du IIe s.) dans la pratique du potier (finesse de certaines parois, cuisson plus élevée, formes nouvelles...) doivent être souvent relativisées. Mêmes les ateliers spécifiques précédemment cités n'échappent pas totalement à cette tendance conservatrice.
La présentation qui suit des grandes catégories de forme et de quelques-unes de leurs variantes, ne concerne que les départements du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône, ainsi que la partie occidentale du Var. Elle prend en compte la phase du début du premier Age du Fer (sont signalées les persistances évidentes du Bronze final IIIb); elle s'interrompt autour du changement d'ère (sans ignorer la continuité technologique ultérieure).
Un des premiers chercheurs à considérer sérieusement, au début du siècle, la céramique 'commune des ligures' fut G. Vasseur. Il fouilla ainsi une partie du village de La Teste-Nègre près de Marseille de 1904 à 1906 et reconstitua une bonne part des vases écrasés sur place qu'il publia malheureusement incomplètement (Vasseur 1908; Chaillan 1917). Plusieurs de ses découvertes figurent dans l'analyse qui suit. C'est H. Rolland qui en 1952 publia, suite à ses fouilles de Glanum et de Saint-Blaise, une première vision synthétique des évolutions supposées de la vaisselle non tournée. Depuis cette période, des publications (essentiellement monographiques) sont venues heureusement compléter ces premières approches (par ex. : Lagrand 1959 et 1987; Dumoulin 1965; Honoré 1968; Arcelin 1971, 1973, 1982 et 1988; Agostini 1972; Amann 1977; Gantès 1977; Chausserie-Laprée 1984 et 1988 ; Congès 1987; Dupouy 1991; Bérato 1993). Aucune étude d'ensemble n'existe sur la Provence occidentale, hormis des survols généraux (Arcelin 1976; Bats 1989) et une analyse limitée à la fin de la période (Arcelin 1979).
Pour faciliter la consultation et l'utilisation, le classement adopte la même présentation que celle des autres zones du Midi méditerranéen (on se reportera aux notices précédentes pour plus de détails). La division fondamentale repose sur cinq grandes familles ainsi définies:
Ales formes peu fréquentes ainsi que les copies de vases tournés qui n'ont jamais donné lieu à des séries conséquentes;
Cles coupes, des vases ouverts à manger ou à boire;
Jles jattes, des vases ouverts pour la cuisson mijotée ou la préparation culinaire;
Ules urnes ou pots, des vases fermés pour le conditionnement ou la cuisson bouillie;
Vles couvercles enfin, généralement liés aux urnes.
La ventilation prend en compte l'évolution typo-chronologique des vases, ainsi que la fréquence de leur utilisation au fil des siècles.
Le tradionnalisme latent de cette production la condamne à une multiplicité de faciès locaux et régionaux où se reflète pourtant le degré du dynamisme économique, porteur de propositions culturelles nouvelles. Partout, la céramique non tournée demeure, jusqu'à la fin du Ier s. av. n. è., largement dominante (100 à 30% des céramiques fines). Les fréquences plus basses que l'on constate près de Marseille au IIIe s. (par ex. à Notre Dame de Pitié ou à la Teste-Nègre, soit 11 et 22 %) sont isolées et dépendantes de relations particulières avec la métropole phocéenne (Arcelin 1992). C'est dire la place essentielle que tient cette catégorie de vaisselle dans la vie quotidienne des populations, même si, à la fin de l'Age du Fer, sa dévolution -essentiellement culinaire- tend à l'écarter des rites du manger et du boire.

Etudes régionales de référence pour les céramiques non tournées protohistoriques de Provence occidentale

En général : Rolland 1952; Arcelin 1976A; 1979; Amann 1977; Chausserie-Laprée 1984; 1988; Bats 1989.
Premier Age du fer : Dumoulin 1958; Lagrand 1959; 1979; 1987; Arcelin 1971; 1982 ; Bérato 1988.
Second Age du fer : Chaillan 1917; Dumoulin 1965; Arcelin 1973; 1981; 1988; Bérato 1984; Congès 1987; Bats 1988.

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