Céramique commune oxydante micacée

[Joël-Claude Meffre
Claude Raynaud]


Ce type de céramique apparaît dans la moyenne vallée du Rhône durant la première moitié du IIe siècle de notre ère. Ses caractères sont suffisamment marqués et sa présence suffisamment constante sur les sites rhodaniens et en Languedoc oriental pour que l'on ait commencé à l'isoler en différents lieux.
Sur la rive gauche du Rhône, à hauteur d'Orange-Vaison, sa présence est manifeste sur tous les sites ruraux, où elle représente 5 à 10% des tessons. A Vaison, à partir de la fin du IIe siècle et dans le courant du IIIe s., sa fréquence ne cesse de croître pour atteindre autour de 20% des communes dans les fouilles de la Villasse (Meffre 1988A; 1992, 119). A Arles, on la retrouve avec un plus faible pourcentage, surtout dans le courant des IIIe-IVe siècles. En Languedoc oriental, si cette céramique reste discrète aux IIe et au début du IIIe s., elle est très présente après 250 ainsi qu'au IVe s. et présente une évolution typologique analogue à celle des autres céramiques communes (Raynaud 1990, 235).
S'il n'est pas possible pour l'instant de localiser les origines de cette production et si l'on ignore l'étendue de sa diffusion, des présomptions existent cependant pour situer les ateliers de fabrication dans la moyenne vallée du Rhône, où elle est la plus présente et le plus anciennement attestée. Compte tenu du pourcentage des tessons sur les sites consommateurs, et la diversité des formes présentes sur le site urbain de la Villasse à Vaison, il n'est pas exclu qu'une officine fonctionne en ce lieu au moins pendant la période du maximum de développement, au IIIe siècle.
Ces productions ont été qualifiées dans une première étude de 'céramique à pâte brique à bord et fond frangés de noir' (Meffre 1988A, 122 et fig.14). En effet, les surfaces et le c?ur ont le même aspect: couleur brun clair, rouge brique tirant aussi souvent sur l'orangé (cuisson en mode C), tandis que les bords et les fonds sont noircis ou fumigés. La pâte est proche de celle de la céramique sableuse mais elle s'en différencie par une texture plus dense et par une dureté constante, prouvant l'excellente maîtrise de la cuisson. En outre, cette pâte contient un dégraissant sableux très fin bien réparti auquel s'associent des particules de mica doré, ainsi que de gros grains de calcaire plus ou moins épars, en particulier au IVe s.
Fait caractéristique: l'épiderme porte souvent une légère couverte d'argile à fines particules de mica argenté ou doré, plus ou moins adhérent selon l'état de conservation des vases. Dans certains cas, le revêtement micacé n'est en fait qu'un pseudo-engobe obtenu par le polissage de l'épiderme avant cuisson (Picon 1973, 46). Ces variations d'aspect de surface rendent parfois difficile la distinction avec la céramique à engobe micacé (voir COM-E-M), proche parente techniquement, mais plus soignée et plus fine. La relation entre ces deux catégories reste à établir précisément; on ignore s'il s'agit de deux fabrications d'un même atelier, l'une plus fine l'autre plus grossière, ou de deux productions spécifiques.
Par la prédominance d'urnes ovoïdes, de plats à four, de mortiers et de marmites, cette poterie répond essentiellement à une fonction culinaire.
Comme pour les autres productions communes du Midi méditerranéen, la typologie se fonde sur le classement C.A.T.H.M.A. par famille de formes portant un code alphabétique: A pour les urnes, B pour les bols, coupes ou marmites, C pour les assiettes, plats ou écuelles, D pour les mortiers, E pour les couvercles, F pour les cruches, etc... (cf. notice SABL-OR). Ce code est suivi d'un numéro désignant la forme, puis éventuellement d'un indice alphabétique pour les variantes. La simplicité et la souplesse des profils arrondis jusque dans la forme des lèvres caractérise la morphologie d'une production qui conserve du IIe au Ve s. un excellent niveau de réalisation technique et une constante qualité de pâte.

Etudes régionales de référence pour la céramique commune oxydante micacée

Vallée du Rhône : Goury 1989B; Meffre 1988A; 1992;
Languedoc oriental : Raynaud 1990.

Types