Céramique corinthienne


[Michel Py
Pere Castanyer
Enric Sanmartí
Joaquim Tremoleda]

La céramique peinte dite corinthienne succède au style protocorinthien après une période de transition dans les années 630-610 avant notre ère. Le style corinthien proprement dit comporte deux séries de formes qui évoluent en parallèle: d'une part, c'est une série abondante de petits vases à figures noires de tradition orientalisante, décorés d'animaux, fantastiques ou non, accompagnés de nombreux motifs de remplissage -notamment des fleurs et des rosettes-, flacons destinés à contenir les huiles ou les parfums qui ont fait la renommée de Corinthe; d'autre part, ce sont des pièces de plus grande dimension destinées à pourvoir aux nécessités de la vie quotidienne.
Au cours du VIe s., cette céramique est diffusée dans presque tout le monde méditerranéen, non seulement dans les sites proprement grecs, mais aussi, par le biais du commerce, dans les territoires indigènes où se fait sentir l'influence hellénique; elle sera abondamment imitée en Etrurie (voir plus loin, Céramique étrusco-corinthienne = ETRU-COR). Malgré son succès, elle doit céder le pas, à partir de 550, à la concurrence athénienne qui, par la qualité de ses produits, d'abord à figures noires et puis à figures rouges, régnera jusqu'à la fin du IVe s.
La céramique corinthienne se caractérise par une argile jaune clair (Farnworth 1977) et une décoration peinte recourant à la technique de la figure noire, avec retouches au moyen du stylet, les motifs figuratifs étant de surcroît entourés par des taches de couleur.
La sériation typologique de la céramique corinthienne a été effectuée à partir des décors plutôt que de la forme des vases. La classification de base est due à H. Payne (1931); elle est complétée par les deux volumes consacrés aux sanctuaires corinthiens de Perachora (Payne 1940; Dunbabin 1962), par les 'compléments' de Hopper 1949 et par les publications des fouilles américaines de Corinthe, notamment dans le quartier des potiers (Stillwell 1984).
Le style Corinthien Ancien (-620/-590 env.) voit l'apparition de l'aryballe sphérique et comprend encore de nombreux alabastres en forme de goutte. L'olpé disparaît progressivement. On retrouve des oenochoés ovoïdes à fond plat et des pyxides rondes et ovoïdes. Parmi les vases à boire, le skyphos et la kylix ne sont pas d'usage très courant.
Dans le style Corinthien moyen (-600/-570 env.), l'aryballe et l'alabastre deviennent les formes les plus usitées. Les cothons et les amphorettes sont nombreux, mais les kylix demeurent rares. Les skyphos évoluent vers une forme presque cylindrique et les pyxides présentent souvent des anses agrémentées de décors plastiques en forme de tête féminine.
Le style Corinthien récent I (-570/-550 env.) voit la coupe et le skyphos, l'alabastre et l'aryballe disparaître progressivement. Le cothon et la pyxis se maintiennent, de même que l'oenochoé et le lécythe.
Le style Corinthien récent II (-550/-500 env.) connaît une véritable floraison des skyphos miniaturisés. Des vases tels que les oenochoés, les pyxides, les cothons et les amphores continuent d'être produits, mais avec des formes très anguleuses.

Etudes régionales de référence pour la céramique corinthienne

Provence: Villard 1960, 13-15; Benoit 1965, 145; Bouloumié 1980A; 1992, 255-261.
Languedoc oriental: Py 1967A; 1971, 27-29; 1985A, 73-75; 1990, 534-536; Marchand 1978, 10-13.
Languedoc occidental: Jully 1983; Guilaine 1986, 206.
Catalogne: Almagro 1955, 364-365; Trias 1967; Rouillard 1991.

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