Céramique grise de la côte catalane
[Pere Castanyer
Enric Sanmartí
Joaquim Tremoleda]
On rassemble dans cette catégorie des céramiques à cuisson réductrice, fabriquées dans des ateliers ibériques. Il s'agit, donc, d'une définition large, qui de ce fait a amené de nombreuses confusions, aussi bien en ce qui concerne l'identification du répertoire que la définition des caractéristiques physiques. L'évolution de cette catégorie est parallèle à celle de la céramique commune ibérique, du moins en ce qui concerne les phases initiales.
Pour la période la plus ancienne, on s'appuie sur les données de la nécropole de Cabrera de Mar (Barberà 1968, Barberà 1969), sur celles fournies par les silos de Bellaterra (Granados 1988) et celles issues d'autres gisements ibériques (Junyent 1972A). Très importantes sont aussi les données provenant des fours de Can Badell (Hernández 1983).
Le terme souvent employé de 'grise emporitaine' n'est valide que pour désigner certains produits concrets appartenant à une période bien délimitée: il s'agit de vases vraisemblablement fabriqués à Emporion ou à proximité durant les deux derniers siècles avant notre ère (Barberà, sous presse). On connaît aussi quelques lieux de production péri-emporitains, comme celui de Fellines (Martín 1981).
On résumera ainsi les caractères physiques de cette céramique: la pâte est de couleur grise avec un dégraissant de petites particules blanchâtres; les vases sont d'une excellente facture, bien tournés et bien cuits; les parois sont très minces; la terre cuite est dure et rend un son métallique.
Les décors sont simples, à base de listels en relief et de mamelons. Souvent, on observe un sillon dû au tournassage sous le fond.
Le répertoire des formes est assez large: amphores, askos, cruches, coupes, cratères, jattes, kylix, plats... Mais la forme la plus répandue est sans aucun doute le gobelet bitronconique, décoré de mamelons et, surtout, de listels placés sur le col. Durant les deux derniers siècles avant notre ère, certaines formes s'inspirent de la céramique campanienne A et B, et enfin des gobelets à paroi fine et de la sigillée italique.
La répartition de la céramique de la côte catalane s'étend principalement du Llobregat aux Pyrénées. Mais dès le IVe s. de nombreux vases sont diffusés par le commerce jusque dans la région de Narbonne, voire jusqu'à l'Orb. Aux IIIe et surtout au IIe s., les gobelets à une anse se retrouvent nombreux en Languedoc et en Provence côtière, et certains pénètrent vers l'intérieur (Aquitaine, Massif Central) et atteignent l'Italie. A partir du premier siècle av. n. è., la diffusion s'amnoindrit, et c'est peu après les années -50 qu'elle s'éteint.
Etudes régionales de référence pour la céramique grise de la côte catalane:
Provence: Benoit 1961; Bats 1988; Arcelin 1981; Congès 1987.
Languedoc oriental: Py 1978, 263-267; 1990, 599-600; Barruol 1978; Fiches 1976; Dedet 1981.
Languedoc occidental: Jannoray 1955, 59-60; Gallet de Santerre 1980, 97-102; Labrousse 1968, 189-190; Solier 1968; 1979.
Catalogne: Almagro 1955; Aranegui 1969; 1975; 1985; 1987; Tarradell 1980; Barberà 1968; 1969; 1969A; Barberà sous presse; Casas 1990; Martín 1981; Maluquer 1965; Rodriguez 1986.