Doliums


[Michel Py]

Les doliums, grosses jarres aux parois épaisses, sont inconnus des civilisations méridionales du Bronze final et du début de l'Age du Fer. On a parfois proposé d'attribuer aux Grecs l'introduction de ce type de vaisseau (pithos) en Gaule du sud (Jannoray 1955, 261), bien que très rares soient les indices d'importation sur les sites indigènes. Leur production sur place est attestée dès la fin du VIe s. av. n. è. Elle se développera ensuite rapidement, en même temps que les populations auront tendance à acquérir une plus grande sédentarité, et qu'augmentera le volume de la production céréalière (Py 1979C, 91; Garcia 1987). Assimilés par les sociétés indigènes méridionales, qui n'avaient rien d'équivalent dans leur tradition pour répondre aux besoins de stockage à long terme, les doliums évoluent selon une typologie propre à chaque région: Provence (Tardieu 1976), Languedoc oriental (Py 1990, 406-407), Languedoc occidental (Héléna 1937, 298-309; Jannoray 1955, 261-263). Ils semblent plus rares en Catalogne où ils sont souvent remplacés par des silos.
D'abord proches, par leur volume comme par leur forme, des plus grosses urnes de la deuxième moitié du VIe s. (cf. forme 1), les doliums acquièrent ensuite un profil plus spécifique (formes 2-6) et augmentent progressivement en capacité (formes 7-13). L'influence de spécimens italiques se ressent dans les exemplaires du Ier s. (forme 12), tandis que la deuxième moitié de ce siècle connaît des petit modèles sans col (forme 14-16), et que la période impériale voit se diffuser des modèles plus normalisés, à bord rentrant (n°18-20).
Les centres de production furent multiples, et de nature différente: la plus grande masse (notamment en Provence et Languedoc oriental) fut à coup sûr fabriquée sur place, selon des techniques proches de celles appliquées à la céramique non tournée traditionnelle. Mais des fabrications plus spécialisées, à diffusion régionale, semblent avoir aussi existé: par exemple pour des jarres finies au tour du Ve s. de Béziers (Ugolini 1991); pour une série de doliums à timbres ibériques de la région Narbonne-Béziers aux Ve-IIIe s. (Héléna 1937, 304); ou encore, plus tard, pour la série de doliums à bord biseauté du Ier s. av. n. è., dont certains exemplaires à pâte rosée semblent avoir été largement commercialisés dans la basse vallée du Rhône (Py 1978A, 204-206). N'oublions pas, enfin, que certains doliums tardo-républicains ou impériaux d'origine italienne (qui peuvent porter des marques latines) ont servi au transport maritime (Fiori 1972; Hesnard 1988; Laubenheimer 1990, 118-119), et que des spécimens ont pu être réutilisés dans les habitats.
L'utilisation des doliums fut, à l'époque préromaine, principalement dédiée à la conservation des céréales (Garcia 1987). Mais on admet aujourd'hui que, dès le IIe Age du Fer, certaines de ces jarres ont pu servir pour la vinification (Garcia 1992), rôle bien attesté à l'époque romaine par les installations vinicoles retrouvées dans des villas, où des cuves voisinaient avec des celliers contenant de nombreux doliums (Dechandol 1983; Brun 1986).
La série de formes complètes retenue représente plutôt un catalogue d'exemples qu'une typologie analytique, car il reste difficile de classer ces vases de réserves peu normalisés. Les bords de dolium, dont une première typologie a été proposée pour le Languedoc par Garcia 1992, sont numérotés ci-après selon une grille tenant compte de l'orientation et de la géométrie du profil.

Etudes régionales de référence pour les doliums

Provence: Tardieu 1976; Arcelin 1982.
Languedoc oriental: Py 1975; 1978A; 1986; 1989; 1990, 406-407; Raynaud 1983; Fiches 1983; Dedet 1980A; 1987.
Languedoc occidental: Héléna 1937; Jannoray 1955; Claustres 1951; Tardieu 1976.
Catalogne: Vegas 1973, 116-118; Beltrán 1990, 260-262; Nolla 1980, 207-208; Casas 1990, 158, 236, 320, 374.

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