Céramique étrusco-corinthienne

[Michel Py]


Des imitations de céramique corinthienne peinte apparaissent en Italie à partir du VIIe s. av. n. è., s'inspirant assez fidèlement des vases proto-corinthiens, et d'une qualité quasiment égale à leurs modèles. Mais dès la fin de ce siècle, les ateliers étrusques vont fabriquer en masse des vases imitant les formes et les motifs corinthiens de manière beaucoup plus lâche et négligée. Ces productions de série s'individualisent des vases de Corinthe aussi bien par des caractères techniques (argile, tournage, peinture) que stylistiques (décor et forme).
L'épiderme extérieur est moins soigneusement poli (il est parfois même engobé), et la pâte présente des tons plus divers, du beige rosé à l'ocre. Les décors sont souvent originaux. Deux styles s'y retrouvent principalement. Le style linéaire d'une part, qui s'inspire du proto-corinthien et du corinthien ancien, avec des combinaisons de bandes et de zones pointillées, s'applique surtout aux aryballes et aux alabastres, qui diffèrent cependant des exemplaires d'origine grecque par l'absence de décor de cercles et de rosaces sur le fond. Le style animalier ensuite, qui reprend aussi bien les silhouettes de tradition subgéométrique que le répertoire orientalisant, traité selon la technique de la figure noire rehaussée de taches de couleur et incisée. Cependant la manière de traiter les motifs est le plus souvent assez lâche, les silhouettes animales schématiques, les incisions épaisses et anguleuses. Les ornements de remplissage, qui dérivent de diverses formes de rosettes corinthiennes, sont fréquemment réduits à des gros points irréguliers, parfois incisés en croix.
Les formes peuvent être très proches des modèles grecs: aryballes sphériques, alabastres, oenochoés, olpés... Mais des variantes nombreuses sont introduites dans le répertoire: ainsi les aryballes de grande taille (cf. ETRU-COR Al1, Al2a, Al2b), l'allongement de la base des aryballes pointus (cf. ETRU-COR Ar1), les anneaux plastiques ajoutés au col d'autres aryballes (cf. ETRU-COR Al3)... D'autres formes apparaissent, comme l'alabastre à fond plat (cf. ETRU-COR Al4), l'aryballe à double corps ou carénée (cf. ETRU-COR Al3 et Al4), différentes variantes de kylix et de plats, etc...
La production étrusco-corinthienne (dite aussi 'italo-corinthienne') a été identifiée par H. Payne (1931: 206 sqq), qui dressa le premier inventaire. Depuis, de nombreuses études ont été consacrées à cette céramique (Martelli 1987; Colonna 1961A; Szilágyi 1975; 1977...), bien que les formes elles-mêmes n'aient pas fait l'objet d'une attention particulière. Des progrès récents dans la connaissance de cette catégorie sont venus de la détermination de groupes de production, soit sur la base d'une analyse stylistique (Colonna 1961; Amyx 1967; Martelli 1978...), soit à l'occasion de la découverte d'ateliers (Cerchiai 1990).
L'exportation des vases étrusco-corinthiens est assez modeste en Méditerranée nord-occidentale, où elle accompagne sporadiquement les chargements d'amphores et de bucchero étrusques, principalement au VIe s. L'épave retrouvée à Antibes (Albore 1967; Bouloumié 1982) atteste de ce triple chargement, dont on retrouve les trois composantes dans un dépôt d'Ullastret (Arribas 1961). Plusieurs autres habitats de Gaule du sud et d'Ampurdan en livrent des spécimens: par exemple La Liquière (Py 1990, 534), Ensérune et surtout Saint-Blaise en Provence (Bouloumié 1978), qui a donné la plus abondante série, principalement composée de kylix ETRU-COR Ky1 du Ciclo dei Rosoni. De rares vases se rencontrent aussi en contexte funéraire: Castelnau-de-Guers (Houlès, sous presse), Ampurias (Almagro 1955, 387).

Etudes régionales de référence pour la céramique étrusco-corinthienne

Provence: Albore 1967; Bouloumié 1978; 1982.
Languedoc: Py 1967A; 1990; Houlès sous presse.
Catalogne: Almagro 1955; Arribas 1961.

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