Céramique romaine à glaçure plombifère

[Michel Passelac]

Les céramiques d'époque romaine à glaçure plombifère sont caractérisées par un revêtement à l'aspect vitrifié le plus souvent de couleur jaune ou verte. Les origines diverses de ces fabrications expliquent les nombreuses différences constatées dans les pâtes, les glaçures, la typologie et le décor. Ces récipients, qui s'inscrivent dans la vaisselle de table, sont d'abord originaires d'Asie Mineure où trois zones de production ont été mises en évidence (Hochuli-Gysel 1977). Mais seule la production de Tarse, qui débute au milieu du Ier s. av. n. è. donne lieu à une large diffusion jusqu'aux régions transalpines. La région nord-italique qui reçoit ces importations produit à son tour une vaisselle glaçurée, en l'adaptant aux formes et aux modes de décoration régionaux (Maccabruni 1987). En Gaule, les premières productions sont dues aux ateliers augustéens de Lyon et de Vienne. Elles sont lisses ou moulées et glaçurées seulement à l'extérieur (Desbat 1986F). Plusieurs ateliers du centre de la Gaule -principalement Saint-Rémy-en-Rollat- produisent à partir de Tibère et jusqu'au IIe s. de n. è. des céramiques à pâte blanche et glaçure jaune, rose ou verte, qui sont surtout diffusées dans le centre, l'ouest de la gaule, et en Bretagne (Tuffreau-Libre 1992, 35 et 37-39). Quelques vases zoomorphes arrivent jusque dans le Midi (cf. Py 1981, fig.85, 8). La production la plus répandue dans les régions méditerranéennes, bien que très faiblement représentée dans les inventaires, est originaire d'Italie. Ces vases à pâte calcaire renfermant des pyroxènes présentent une glaçure externe verdâtre, souvent craquelée, aux reflets métallescents. L'intérieur porte souvent une glaçure jaune. Les gouttes de revêtement restées sur le bord sont caractéristiques. Les ateliers n'ont pas été reconnus, mais les analyses de pâtes proposent une provenance probablement latiale ou campanienne (Picon 1977; Symonds 1989). Quelques gobelets découverts dans la péninsule ibérique, à rapprocher par leur forme et leur décor des parois fines de Bétique, pourraient avoir une origine sud-hispanique (López Mullor 1981). Enfin, les régions nord-italiques connaissent, dans l'Antiquité tardive, une production de vases de stockage, s'inspirant des formes de la céramique commune. Elle ne paraît pas avoir atteint nos régions (Maccabruni 1987).
Le répertoire morphologique s'inspire à l'origine des formes métalliques hellénistiques. La plupart de ces formes, coupes à anses, canthares, cruches à relief d'applique, ont une longue vie, de l'époque augustéenne au IIIe siècle. Un examen de détail permet de différencier les exemplaires anciens de leurs copies tardives. Les productions occidentales s'inspirent également des formes et des décors contemporains à la mode dans la région des ateliers: l'influence de la céramique sigillée arétine et des céramiques à parois fines a été notée (López Mullor 1981) et celle de la sigillée plus tardive et de la sigillée claire A est également sensible (Desbat 1986G).
En Provence comme en Languedoc cette céramique reste un produit assez exceptionnel, alors qu'en Catalogne elle semble avoir été sensiblement mieux diffusée en milieu urbain et , à la campagne, dans les riches villas.

Etude régionales de référence pour la céramique romaine à glaçure plombifère:

Vallée du Rhône : Desbat 1986F; 1986G; Picon 1986.
Provence : Benoit 1952, 288.
Languedoc : Labrousse 1968A, 531.
Catalogne : Almagro 1953-1954; Ribas Bertrán 1965; López Mullor 1981.

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