Céramique grise monochrome

[Michel Py]

La céramique d'époque archaïque que l'on s'accorde aujourd'hui à dénommer 'grise monochrome' a reçu successivement diverses appellations (telles que céramique 'phocéenne', 'ionio-phocéenne', 'grise éolienne'...) faisant référence à l'origine gréco-orientale de la technique de fabrication (céramique à pâte claire tournée avec une argile assez épurée, et cuite en milieu réducteur), d'une partie du répertoire des formes, et de la décoration la plus courante, faite d'ondes horizontales tracées au peigne (Jacobsthal 1933).
On sait maintenant que fort peu de vases gris monochromes ont été importés de Grèce de l'Est, a fortiori de Phocée -bien qu'il reste, à Marseille comme en d'autres points, quelques pièces dont l'origine exogène est probable. De fait, la grande majorité a été fabriquée en Occident: le terme de 'grise monochrome', plus neutre, prend en compte cette réalité.
Des ateliers fabriquant cette céramique ont existé très tôt (au moins à partir de -575, c'est-à-dire peu après le début de la colonisation phocéenne) à Marseille et dans les autres implantations grecques archaïques (Agde, peut-être Ampurias). Mais très tôt également (avant le milieu du VIe s.) et pendant une longue période (jusqu'à la fin du Ve s.), de tels ateliers ont fonctionné dans les zones d'influence de ces colonies et comptoirs. Ainsi:
- en Provence: dans le Vaucluse, les Alpilles, autour de l'étang de Berre (Arcelin 1978B; 1984);
- en Languedoc oriental: dans la région de Beaucaire-Rémoulins, dans la vallée du Vidourle (Arcelin 1982A);
- en Languedoc occidental, dans l'Agadès, dans la basse vallée de l'Aude (Nickels 1978), à Béziers (Ugolini 1987);
- en Roussillon, dans la région de Perpignan (Nickels 1980).
Peu d'ateliers ont été réellement repérés: un cas certain existe au Mourre-de-Sève au VIe s., attesté par des ratés de fabrication (Batut 1986); un autre cas possible est celui de Béziers, au Ve s., en liaison avec un four à sole quadrangulaire (Ugolini 1987).
Plusieurs productions ont été par contre isolées selon des critères morphologiques et techniques. Ainsi Charlette Arcelin-Pradelle distingue-t-elle en Provence sept groupes de fabrication (n°1 à 7), et dans certains d'entre eux plusieurs aspects (Arcelin 1984); deux groupes supplémentaires (n°8 et 9) ont été individualisés dans le Gard (Py 1990, 544-547); plusieurs sous-ensembles, voire des 'potiers', ont été distingués dans les productions agathoises, audoises et roussillonnaises (Nickels 1978; 1980). Ces critères, s'il reste difficile d'en généraliser l'emploi, démontrent du moins la multiplicité des ateliers et la diversité de leur statut, de l'officine grecque travaillant pour une clientèle indigène à l'atelier local tenu par des autochtones, en passant par l'éventualité de l'installation de Grecs en pays indigène.
La chronologie de la fabrication des vases gris monochromes s'étend sur près de deux siècles, de -575 aux environs de -400, avec un maximum de diffusion dans la deuxième moitié du VIe s. et la première moitié du Ve s.
Le répertoire des formes varie selon la région et les époques. Partout cependant, il comprend à la fois des types d'origine grecque orientale (coupes à bord épaissi de forme 1, coupes carénées 3, plat à marli 4, ?nochoé 8, olpé 10, cratère 15a) et des types empruntés aux traditions indigènes des différentes zones de production (coupes 2, urne basse 6, urnes 7 et 9, gobelets 12 et 13), voire même des formes empruntées à d'autres répertoires (coupes de type ionien 5a, 5b, 5c; de type attique 5d; canthare de type étrusque 11a...).
La numérotation adoptée ici reprend, pour les numéros 1 à 11, la nomenclature définie par Arcelin 1984, que l'on complète par différentes variantes désignées par une lettre minuscule. On y ajoute les formes 12 à 17 et leurs variantes, non numérotées précédemment. Sont intégrées en équivalence les typologies partielles proposées par Benoit 1965, 158-162 et Taffanel 1967. Comme pour d'autres catégories de céramique, l'utilisation de numéros de série pour les formes les plus courantes permettra de classer les éléments de vase dont la variante exacte n'est pas déterminable.

Etudes régionales de référence pour la céramique grise monochrome

Provence: Jacobsthal 1933; Benoit 1965; Arcelin 1978; 1984.
Languedoc oriental: Arcelin 1982A; Py 1968; 1971; 1974A; 1975; 1975A; 1984; 1990, 544-547; Dedet 1980A; 1987; Marchand 1978.
Languedoc occidental: Nickels 1974; 1978; 1980; 1983; 1987; 1989; Taffanel 1967; Jully 1983; Giry 1967.
Catalogne: Almagro 1949A; 1955, 366-367; Rouillard 1991.

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