Céramique grecque orientale

[Michel Py]



Pour les céramiques fines et surtout communes de Grèce de l'Est, il reste difficile de préciser les provenances à l'intérieur du monde ionien: les analyses récentes (Farnworth 1977; Dupont 1977; 1983) ont montré que les attributions antérieures, reposant sur la stylistique ou le nombre des découvertes, étaient parfois sujettes à caution: ainsi par exemple, si les calices de Chios restent de Chios, il s'est avéré que les bols dits 'rhodiens' provenaient essentiellement d'Ionie du nord, que les vases décorés du style de Fikelura étaient fabriqués non seulement à Rhodes, mais aussi et surtout à Millet et dans bien d'autres officines secondaires (y compris à Histria), etc... Pour les coupes ioniennes (la forme la plus diffusée en Occident), la situation est désormais très ouverte: grosse production à Samos, mais des ateliers aussi à Rhodes, à Milet, et dans bien d'autres lieux, d'Ionie du sud... mais aussi d'Italie méridionale.
On s'en tiendra ici à une vision globale de ces productions très diversifiées, en les regroupant sous le terme générique de céramique grecque orientale: encore ne prendra-t-on en compte que la période archaïque, qui seule a vu une diffusion de cette vaisselle dans l'Occident méditerranéen.
Les formes sont assez variées, et si certaines relèvent directement du répertoire grec (amphores, cratères, oenochoés...), plusieurs présentent une originalité spécifique: plats à marli, coupes diverses... On a essayé de relever les profils caractéristiques de la Grèce de l'Est, en insistant sur les types les plus diffusés dans les zones périphériques, telles que la Mer Noire d'une part (Lambrino 1938; Dimitriu 1966; Alexandrescu 1978) et l'Italie d'autre part (Collectif 1978). Bien que toutes ces formes ne soient pas -et de loin- présentes dans les importations (tout compte fait assez rares: Jully 1983) qui sont parvenues en Gaule du sud et en Catalogne, il était important cependant d'en donner une idée assez complète, ne serait-ce que pour permettre d'évaluer la place de l'inspiration gréco-orientale dans le répertoire des céramiques grecques d'Occident.
Les vases grecs orientaux sont pour la plupart fabriqués dans des pâtes claires (jaune ou rosées, parfois grises), souvent recouvertes d'un engobe laiteux. Tour rapide et cuisson maîtrisée, donnant des pâtes sonnantes, caractérisent les meilleures productions. Les décors diffèrent selon les styles et les origines (sur ce point, les exemples donnés ci-après sont loin de couvrir la diversité des motifs peints, notamment dans les groupes dits 'des chèvres sauvages' et 'de Fikelura'). Certains motifs cependant sont typique de l'ambiance ionienne: tels les bandes peintes, les filets horizontaux, les larmes verticales, les rosettes de point, les fleurs de lotus, les ondulations, etc... Beaucoup d'ailleurs se retrouveront dans le répertoire subgéométrique de la Gaule méridionale.
La numérotation des formes suit la méthode employée ci-dessus pour les céramiques attiques à figures: le nom conventionnel, abrégé en deux lettres, participe à l'identification des séries, à l'intérieur desquelles les variantes sont numérotées en continu. Les datations sont en général lâches, notamment pour la céramique commune dont les types perdurent longtemps.

Etudes régionales de référence pour la céramique grecque orientale

Provence: Vasseur 1914; Jacobsthal 1933; Villard 1960; Benoit 1965; Bouloumié 1980A; 1992; Lagrand 1959; 1979A.
Languedoc oriental: Py 1968; 1971; 1974A; 1984; 1985A; 1990, 536-540; Marchand 1978.
Languedoc occidental: Jannoray 1955; Jully 1977; 1977A; 1977B; 1978; 1983; Solier 1976A; Nickels 1974; 1975; 1983; 1989.
Catalogne: Jully 1975A; 1983; Almagro 1949; 1964; Miró 1989; Trias 1967; Sanmartí 1973; Alaminos 1991.

Types