Céramique Luisante

[Claude Raynaud]

La céramique Luisante concurrence puis remplace progressivement la céramique Claire B dans la seconde moitié du IIIe s., sans que les modalités et la chronologie de cette substitution soient encore clairement perçues. Voisine de la claire B par certains types de vases, par sa couleur orangée à noire ainsi que par sa décoration, la céramique luisante se distingue par une pâte beige à orangé, fine mais souvent poreuse, par un revêtement mat ou semi-mat, fin et d'adhérence très irrégulière, présentant de façon presque systématique des reflets métallescents qui lui ont valu sa dénomination. Les décors moulés, désormais limités à quelques versoirs de mortiers (mufle de lion), reliefs à la barbotine et dépressions, restent peu fréquents, tandis que se développent les rinceaux peints en blanc sur fond brun sombre ou noir, le décor privilégié demeurant le guillochis.
La connaissance de cette production a considérablement progressé grâce à la découverte de deux ateliers savoyards, à Conjux et à Portout. Sur le second, la stratigraphie des dépotoirs de rebuts de fours a mis en évidence deux étapes de production: la première dans la seconde moitié du IIIe s., la seconde dans la première moitié du Ve s. Ces deux jalons situent précisément le début et la fin de la production, les nuances typologiques des générations intermédiaires restant à préciser (Pernon 1990). De nombreux sites consommateurs en Narbonnaise confirment cette fourchette chronologique et incitent même à la prolonger dans la seconde moitié du Ve s. (Raynaud 1990, 199-211). Sur le seul site d'Arles où des échantillons ont été analysés, la production de Portout occupe le premier rang au IVe s. (Desbat 1986B). La vigueur de cette production au Ve s. se manifeste par la transmission aux céramiques estampées grises et orangées, de certaines formes, notamment les cruches, bols et mortiers, ainsi que du décor guilloché. Ces formes apparentées sont parfois difficiles à distinguer, comme l'illustre la variante tardive des bols carénés, pour laquelle nous avons créé le type 37b et que l'on peut confondre avec la forme ESTAMPE 16. Le problème se posait plus encore pour une forme longtemps assimilée au type 37 mais dont nous avons voulu souligner la singularité morphologique et la datation tardive en l'isolant en type 41, que l'on aura garde de confondre avec son homologue ESTAMPEE 17 (Rigoir 1968, 228).
L'aire de diffusion de la Luisante concerne principalement le quart sud-est de la Gaule, notamment la région alpine, le couloir rhodanien, la Provence occidentale et le Languedoc oriental. Au-delà, la diffusion se prolonge plus modestement dans le bassin méditerranéen occidental. Dans le détail, on observe d'importantes différences dans la répartition: par exemple la disparité entre le Languedoc, où la Luisante prédomine largement aux IVe et Ve s., et la Provence où elle reste très discrète, écrasée par la vaisselle fine africaine (CATHMA 1986).
On ne reviendra pas sur lesaffinités de la Luisante et de la Claire B et des problèmes d'identification qui en découlent (cf. notice Claire B) incitant à les regrouper au niveau des comptages de fragments sous l'appellation Claire B-Luisante. La typologie permet par contre d'isoler nettement les deux productions. On dispose pour la Luisante du classement des productions de l'atelier de Portout (Pernon 1990), sensiblement plus complet que la typologie antérieure (Lamboglia 1963) dont seule la forme 14, précédée d'un L, a dû être conservée du fait de son absence à Portout. Quelques regroupements de formes voisines, perçues plus comme des variantes que comme des types, ont été opérés et se traduisent par la disparition de numéros typologiques fusionnés avec d'autres. S'il s'agit de types consécutifs, seuls le premier et le dernier numéro ont été retenus dans notre répertoire (par ex. le type 62/66 désigne les types Pernon 62 à 66); dans le cas de numéros dispersés, ceux-ci sont associés dans l'intitulé du nouveau type (par ex. 23/35). Les numéros devenus vacants de ce fait n'ont pas été attribués à d'autres types afin de respecter la logique initiale et d'éviter toute confusion.

Etudes régionales de référence pour la céramique Luisante:

Vallée du Rhône: Desbat 1986B; 1986C; Pernon 1990.
Languedoc: Raynaud 1990.

Types