Céramique à parois fines

[Michel Passelac]

On regroupe sous cette appellation des céramiques appartenant à de nombreuses classes, c'est-à-dire à de nombreuses productions issues d'ateliers ou de groupes d'ateliers différents, ayant des caractéristiques propres. Ainsi les aspects des pâtes et les surfaces sont-ils extrêmement nombreux, en raison de la diversité des matériaux utilisés des techniques de cuisson et de décoration. Le traitement des parois est très varié, allant d'un simple polissage, à des décors en relief très fantaisistes exécuté à la barbotine. Les décors guillochés sont très nombreux durant toute la période de fabrication, et les enduits sablés ont connu une grande vogue à la période Tibéro-Claudienne. Dans le sud de la Gaule, à l'instar des sigillées, les céramiques à parois fines ont été ornées au moule à Montans, Galane et La Graufesenque (Bémont 1982). Si certaines productions régionales présentent des caractéristiques fortes, comme celles d'Italie du Nord, à pâte grise et noire, ou les 'coquille d'oeuf' sud hispaniques, on constate cependant à partir du règne de Claude, une relative similitude des fabrications provinciales qui font appel aux mêmes techniques de fabrication et de décoration. Les pâtes sont alors souvent fines, claires et les engobes orangés à bruns, brillants. Le dénominateur commun de cette catégorie est surtout fonctionnel et technique: il s'agit de vases à boire (gobelets, bols, tasses et coupes) possédant des parois d'une épaisseur très faible, qui a justifié la dénomination (thin walled, dünnwandige, paretti sottili, paredes finas).
Les céramiques à parois fines ne sont pas diffusés en Méditerranée occidentale avant la deuxième moitié du IIe s. av. n. è. Ces premières fabrications d'époque républicaine sont importées d'Italie centrale (Mayet 1980: 204). Il s'agit de gobelets hauts, le plus souvent lisses et non engobés, parfois décorés de perles, de guillochis ou d'écailles. Le répertoire des formes reste très réduit jusqu'à l'époque augustéenne qui voit cette production s'accroître très fortement en se diversifiant, notamment sous l'influence des formes métalliques hellénistiques. Dès cette période, des ateliers provinciaux fabriquent les types italiques avec les mêmes techniques à Lyon, Vienne (Desbat 1985), Bram et le nord-est de la péninsule ibérique (Lopez Mullor 1981). Le Ier s. de n. è. est la grande période de diffusion de cette céramique, qui est fabriquée désormais dans tout l'Empire, et notamment en Italie (Luni, Sutri, Campanie, Sicile); en Gaule à Lyon (Grataloup 1988), Aoste, Montans (Martin 1980), La Graufesenque, Lezoux; en Espagne (en particulier en Bétique, où dominent les décors à la barbotine). En l'absence d'analyses, il est souvent impossible d'attribuer les céramiques à parois fines sans caractère discriminant à un centre de production précis. La fabrication des vases à parois fines s'amenuise à la fin du Ier s. dans les régions méditerranéennes, probablement à cause de la concurrence du verre soufflé, alors qu'elle perdure dans les régions de la Gaule interne avec des formes hautes et des engobes foncés, plus caractéristiques du monde celtique.
Nous avons retenu la typologie de F. Mayet (Mayet 1975), très complète, plutôt que celle de M.-Th. Marabini (Marabini 1973), plus limitée à l'Italie. La typologie de F. Mayet combine les critères morphologiques avec les critères décoratifs et traduit le souci de caractériser des 'types de production'. Les formes sont désignées par un chiffre romain (traduit ici en chiffre arabe), leurs variantes par une lettre majuscule; les variantes de décors sont notés par une lettre minuscule. Cette typologie a été amputée de productions à diffusion restreinte (celles de la région de Mérida) et complétée par quelques nouvelles formes définies par A. Lopez Mullor (Lopez Mullor 1981 et 1986).
Placées au point de convergence des diffusions italiques, gallo-romaines et hispaniques, les régions méditerranéennes, de la Provence à la Catalogne, ont été abondamment irriguées par ces trois courants, qu'il est parfois possible d'individualiser en prenant en compte en même temps les critères morphologiques, techniques et décoratifs.

Etudes régionales de référence pour la céramique à parois fines

Provence: Bats 1988; Bémont 1976; Bérard 1961.
Languedoc: Gagnière 1961; 1972; Laubenheimer 1986; Marichal 1980; Mayet 1977; Py 1990, 592-594.
Catalogne: Lopez Mullor 1981; 1986; Puerta 1986.

Types