Présigillée sud-gauloise

[Michel Passelac]


La céramique présigillée sud-gauloise ne peut être confondue avec la presigillata définie en Italie, dans la mesure où elle dérive dans son aspect et ses formes, de la sigillée italique. Il s'agit d'une vaisselle de table fabriquée antérieurement à la sigillée sud gauloise dans les zones de romanisation précoce (Narbonne, Bram) ainsi que dans les ateliers de sigillée, à leur phase initiale (La Graufesenque, Montans). Elle est aussi connue sous le terme 'd'imitation de sigillée'. Des ateliers semblables, à diffusion régionale, ont existé dans la vallée du Pô (Schindler 1977), dans la vallée du Rhône (Desbat 1986C) et sans doute en Catalogne (Sanmarti 1975B).
La dispersion des ateliers confère à ces produits une assez grande variété d'aspects. Les pâtes sont généralement bien épurées, de couleur brun clair à rose. Les produits narbonnais présentent souvent une argile plus grenue et micacée. La caractéristique des vernis rouges est l'absence quasi générale de grésage, ce qui traduit une cuisson de mode A. Leur aspect varie beaucoup, de brillant à mat; il sont le plus souvent satinés. Leur couleur se situe habituellement entre le brun foncé et le rouge, mais des séries existent à vernis noir grésé, gris et orangé.
Des productions de ce type ont été étudiées en Suisse dans les années quarante (Drack 1945), mais la plupart d'entre elles étaient plus tardives, ce qui a justifié l'appellation de 'terra sigillata imitation'. La mise en évidence de ces fabrications en Gaule, dans des ateliers à diffusion régionale, est relativement récente et a donné lieu à des publications préliminaires (Passelac 1986, 1896A, 1986B ; Desbat 1986C, 1986D).
La typologie proposée ici est une typologie synthétique établie pour les centres de production de Bram et de Narbonne (Passelac 1986A et 1986B). Ce type de fabrication étant relativement peu normalisé, une typologie analytique n'aurait par été adaptée aux objectifs de ce dictionnaire.
La présigillée sud-gauloise, comme les céramiques analogues de la vallée du Rhône, est d'abord produite à une période où l'approvisionnement en vaisselle de table connaît un important déficit: les importations de campanienne ont cessé et les premières productions arétines sont peu diffusées. Vers 30-20 av. n. è. les formes sont à rapprocher du répertoire de l'arétine archaïque (types 10 à 80, 290) ou souvent des céramiques nord-italiques à vernis rouge précoces (types 170, 190, 300). Une seconde phase voit la production de formes dérivées des services 1a et 1b de l'arétine. Les formes du service 2, rares, n'apparaissent que plus tardivement. Pendant toute l'activité des centres de production, on assiste à une longue survivance des types anciens (notamment 10, 20, 30, 70) qui se rencontrent encore, dans certaines de leurs variantes, au début du Ier s. de n. è.
La céramique lisse a seule été produite. Les décors des assiettes, des plats ou des coupes consistent en cercles incisés, ou guillochés, ou en une association des deux. Des timbres de potiers ont été imprimés sur cette vaisselle, comme sur l'arétine, d'abord dans des cartouches carrés puis rectangulaires, en position radiale, puis centrale, mais cette pratique n'est pas généralisée.
La place de cette céramique n'est pas négligeable en milieu rural et urbain en Languedoc occidental, jusqu'à Toulouse. Elle est également bien présente en Catalogne, plus rare en Languedoc oriental et en Provence.

Etudes régionales de référence pour la présigillée sud-gauloise

Languedoc: Passelac 1986, 1986A, 1986B; 1992.
Catalogne: Sanmarti 1975B.

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