Céramique à vernis rouge pompéien


[Michel Passelac]


Cette catégorie concerne des plats et assiettes -et leurs couvercles- destinés à la cuisson au four, et relève d'habitudes alimentaires typiquement italiques (Bats 1988: 69). Leur revêtement interne jouait un rôle anti-adhérent. Les modules sont très variables, de 15 à 50 cm et plus. Une fabrication se distingue facilement: la production italique, certainement campanienne, à pâte granuleuse, brune, dure, bien cuite, renfermant un dégraissant sableux noir (pyroxènes), des particules blanches et un peu de mica. Le revêtement, qui couvre seulement le bord, les parois et le fond interne, est rouge foncé (d'où son nom), épais et 'savonneux' au toucher. Plusieurs groupes de fines stries concentriques marquent souvent le fond interne. Une autre fabrication méditerranéenne à large diffusion offre un aspect très proche, mais sa pâte renferme une quantité beaucoup plus importante de micas (Peacock 1977). Les nombreuses autres officines ont une diffusion régionale ou locale. Après la période initiale de production exclusivement italique, qui débute au IIIe s. av. n. è. (Goudineau 1970), on assiste en effet à la multiplication d'ateliers gaulois, hispaniques, belges ou bretons (Peacock 1977) dont les produits ont des pâtes et des revêtements offrant évidemment des aspects très divers. Certains d'entre eux, dont la pâte ne présente pas de caractéristiques réfractaires, comme celles de Bram, ou les imitations tardives hispaniques (Beltran 1978: 161), attestent le glissement d'un usage purement culinaire vers un usage destiné à la table.
Notre présentation s'appuie sur le travail de Chr. Goudineau qui a réuni une quarantaine de formes caractéristiques, avant de livrer le catalogue des séries de Bolsena. Il est vrai que cette céramique à usage très spécialisé présente un répertoire assez étroit de plats et assiettes sans pieds, dont la plupart des formes sont en fait des variantes d'un petit nombre de types caractéristiques. Chr. Goudineau a tracé les grandes lignes de l'évolution morphologique: les séries les plus anciennes présentent une lèvre détachée de la paroi et une gorge interne (R-POMP 71) . A partir de la fin du IIe s av. n. è., le bord est en amande ou simplement arrondi (R-POMP 1, 3, 4). A la période augustéenne persiste un type à bord sortant, mais l'évolution conduit vers des parois très simplifiées, convexes, terminées par un bord arrondi (R-POMP 15, 19). Un type tardif, de la fin du Ier s., à lèvre horizontale très détachée (R-POMP 35), rappelle les premières formes italiques, mais on ne connaît aucun exemplaire de transition . Dans les régions septentrionales, la fabrication se poursuit jusqu'au IVe s. (Tuffreau-Libre 1992), alors que dans les pays méditerranéens cette céramique se rencontre aussi bien en Provence qu'en Languedoc et en Catalogne, au Ier s. av. n. è. et surtout au Ier s. de notre ère. Rare en milieu indigène en Languedoc oriental au Ier s. av. n. è. (Py 1990, 589), elle se place par rapport à la vaisselle de Lattes entre 0,25% à la période -125/-75 et 2,50% à la période +25/+100 (Py 1990A).

Etudes régionales de référence pour la céramique à vernis rouge pompéien

Provence: Dumoulin 1965; Arcelin 1981A.
Languedoc oriental: Dedet 1978; 1981; Py 1986; 1990, 589; 1990A; Genty 1981; Fiches 1989, 119-120.
Languedoc occidental: Rancoule 1980.
Catalogne: Aquilué 1984; Casas 1990.

Types