Céramique sigillée italique

[Michel Passelac]

La diversité des centres aujourd'hui reconnus fait préférer ce terme à celui d'arétine, même si Arezzo a été le plus ancien, et de loin le plus productif (Pucci 1985; Ettlinger 1990). La sigillée italique se situe à la convergence de traditions étrusco-campaniennes et de l'introduction de nouvelles techniques de cuisson et de décoration traduisant un changement radical du goût. Il s'agit d'une vaisselle de table à vernis argileux rouge, grésé, diffusée dans tout le monde romain. La plus grande partie de la production est lisse; une série relativement limitée de formes porte un décor en relief réalisé par moulage. Le nombre des ateliers et la durée de la production confèrent aux caractéristiques techniques une certaine variabilité. Les productions de l'époque classique d'Arezzo présentent le plus souvent une pâte très fine, de couleur rose à brun très pâle, un vernis rouge, luisant, tendant vers l'orangé, présentant des tâches claires sur la face inférieure. Le fond externe est généralement réservé (Goudineau 1968, 238).
Cette céramique a suscité un immense intérêt sur le plan typologique: le produit, vite standardisé, a connu une évolution rapide et il a été retrouvé en quantité importante sur des sites bien datés, à occupation ponctuelle. Après la typologie générale de la terre sigillée de H. Dragendorff (Dragendorff 1895), une typologie spécifique a été établie pour le matériel de Haltern (Loeschke 1909). Elle répartit 21 types en 4 services en se fondant sur la forme des rebords. Une nouvelle classification, plus précise, mais non parallèle, de 17 types et leurs variantes, naît de l'étude du matériel d'Oberaden (Loeschke 1942). Ces deux typologies, compliquées, pour le service I, par celles de E. Vogt (Vogt 1948) et de R. Fellmann (Fellmann 1955) ont été très largement utilisées jusqu'à ces dernières années, notamment par les archéologues germanophones. La stratigraphie de Bolsena donne à Chr. Goudineau le prétexte d'une brillante synthèse qui débouche sur une typologie beaucoup plus complète combinant morphologie et chronologie (Goudineau 1968). Plus récemment, constatant l'impossibilité de réaliser une véritable typologie, G. Pucci a donné un important catalogue morphologique (Pucci 1985). La dernière tentative, que nous retiendrons ici, malgré sa curieuse sélectivité, est celle du Conspectus formarum (Ettlinger 1990). Elle classe 54 formes en 8 séries en fonction de caractères généraux significatifs, et propose pour chaque forme des variantes individualisées en croisant des critères morphologiques, chronologiques et d'origine. Nous en avons retiré les formes de la Padane et de la tardo-italique, dont la diffusion dans nos régions est nulle ou négligeable.
Les formes lisses sont redevables, dans un premier temps, au répertoire de la céramique à vernis noir (formes 1.1, 2, 4, 5, 7, 8.1, 10, 13.1, 30, 36, 38). Elles correspondent à la phase 'archaïque' définie par Chr. Goudineau et certaines évoluent vers les formes dites 'précoces' (11, 12.1, 12.2, 14.1... peut-être 18.1.) Les formes 18.2 à 29 ont en commun un bord vertical et correspondent à la période de forte production et de haute standardisation, qui rompt avec la période précédente. Les bols à paroi bi-convexe ou divisée par une moulure, souvent guillochée dans la partie supérieure (31 à 34) marquent la période augustéenne tardive et perdurent selon les productions, tout le Ier s. Vers 15 ap. apparaissent les petits décors en relief d'applique.
D'autres repères chronologiques sont fournis pas la position ou la forme des timbres: jusque vers 15/10 av. n. è. les timbres sont généralement radiaux, carrés ou rectangulaires, souvent sur deux lignes. Ils sont ensuite imprimés au centre des céramiques, rectangulaires, puis vers 15 ap. dans un cartouche in planta pedis.
La céramique décorée soulève des problèmes que nous ne pouvons aborder ici (Stenico 1972). La chronologie de son apparition reste sujette à discussion (Pucci 1985: 376) . Dans les régions rhénanes, les formes de bord les plus anciennes appartiennent à la dernière décade av. n. è. A Neuss, ils équipent des calices du style de Rasinius et de M. Perennius Tigranus (Ettlinger 1990, 166). Pour l'instant, la grande majorité des vases décorés, souvent privés de contexte précis, ont été assez vaguement classés en phases selon des critères stylistiques et leur appartenance aux différentes fabriques.
La sigillée italique est parvenue très tôt, et en quantité, dans les ports méditerranéens du Languedoc -essentiellement Narbonne- et de Catalogne. A Ampurias sont déjà présentes les arétines à vernis noir (Sanmartí 1973, 489). Par Narbonne, qui a joué un rôle majeur dans la diffusion, elle a pénétré rapidement, sur la voie d'Aquitaine, vers les agglomérations de l'Ouest (Tilhard 1988). La diffusion ne touchera l'ensemble des campagnes qu'à la période classique, et faiblira assez rapidement, comme en témoigne la rareté des marques in planta pedis (Fiches 1972, 261). Dans nos régions, on ne dispose pas encore d'un volume d'analyses suffisant pour préciser l'origine des très nombreux Ateiana et mesurer la part de marché que se taillent Arezzo, Pise, Lyon et d'éventuels autres centres.

Etudes régionales de référence pour la céramique sigillée arétine

Provence: Benoit 1948; Gourvest 1957.
Languedoc: Fiches 1972; 1974; 1980.
Catalogne: Balil 1959; Perez-Almoguera 1990.

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