Bucchero nero

[Michel Py]

Le bucchero nero a été fabriqué en Etrurie, mais aussi en Campanie, principalement aux VIIe et VIe s. av. n.-è.. Cette céramique a fait l'objet de plusieurs études et typologies, soit dans les zones de production, en Etrurie (Cristofani 1969; Camporeale 1970; Ramage 1972; Rasmussen 1979) et en Campanie (Albore 1979; Rasmussen 1986; Greco 1990; Cuozzo 1990; 1991); soit dans les zones d'importation: Sardaigne (Gras 1974), Provence (Bouloumié 1979), Languedoc oriental (Py 1972; 1979). Une synthèse des découvertes existe pour la Gaule du sud (Collectif 1979), une autre est parue récemment pour l'Espagne (Collectif 1991).
On a choisi ici pour base du classement la typologie établie en Etrurie méridionale -zone probable d'origine du bucchero trouvé en Gaule du sud et en Catalogne- par Rasmussen 1979, en s'en tenant aux formes principales. La plupart des formes ont été classées, bien qu'un petit nombre seulement d'entre elles se retrouve en Gaule et en Espagne (infra). Cela permettra de juger du particularisme typologique de ces zones d'importation (Bouloumié 1982A).
Que ce soit en Provence, en Languedoc ou en Ampurdan, les canthares dominent largement (près de 90% des formes reconnues). Leurs caractères techniques et leurs décors sont en général caractéristiques du bucchero de transition (Villard 1962). La forme de loin la plus courante est Ct3e, dans les trois variantes de Gras 1974: canthares à pied en trompette, décorés sous la lèvre et au ressaut (Ct3e1); à pied en trompette, décorés uniquement au ressaut (Ct3e2); à pied en trompette, inornés (Ct3e3).
La deuxième forme en ordre de fréquence est l'oenochoé à embouchure trilobée, dont seul l'exemplaire à panse globulaire est couramment diffusé (Oe7). Un petit nombre de fragments montrent la présence d'exemplaires à décor incisé en éventail.
Les autres types de vases sont plus rares: on relève notamment dans la zone prise en compte des coupes à lèvre Ky3, des cruches Jg1, quelques calices Cl2 et bols Bo2.
Les vases en bucchero apparaissent en Gaule méridionale et en Empurdan dès le dernier tiers du VIIe s., en compagnie des premières amphores importées d'Etrurie. Ils présentent leur fréquence maximale dans la première moitié du VIe s. Leur diffusion ne dépasse guère, dans l'ensemble, le milieu du siècle, même si leur usage perdure couramment jusque vers -525.
Le bucchero tardif, caractérisant la fin du VIe s., est pour sa part fort peu répandu: principalement une série de bols hémisphériques de Lattes (Bo4), certains portant des graffites étrusques (Py, à paraître).
Le bucchero nero ne représente jamais qu'un pourcentage faible des tessons recueillis sur les habitats indigènes de la fin du VIIe et du VIe s., même si certains sites abondamment fouillés ou prospectés, comme Saint-Blaise et La Monédière, en livrent des quantités importantes en nombre absolu.
On remarquera surtout que les séries retrouvées en Méditerranée nord-occidentale présentent un faciès typologique 'd'exportation', fortement dominé par le canthare et comprenant un nombre de formes beaucoup plus réduit qu'en Etrurie même. Les types de vase sélectionnés sont clairement liés au service du vin, cette vaisselle constituant en fait l'accompagnement des amphores vinaires distribuées dans les mêmes zones.

Etudes régionales de référence pour le bucchero nero

Provence: Renard 1947; Lagrand 1958; 1979; Albore 1967, 308-314; Bouloumié 1979; 1982, 14-25.
Languedoc oriental: Py 1972, 542-544; 1979; 1984, 263-264; 1990, 529-531; Marchand 1980.
Languedoc occidental: Jully 1962; Jully 1972; Robert 1979.
Catalogne: Almagro 1949; Arribas 1961; Sanmarti 1973, 224-227; 1975, 96; 1975A; Martin 1985; 1991; Collectif 1991.

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