Céramique commune grecque


[Michel Bats]


Cette catégorie se limite à la céramique de cuisine, soit de préparation du type mortier ou jatte, soit de cuisson à pâte réfractaire, que les Anglais nomment 'coarse ware', et ne s'intéresse donc pas à toutes les formes fermées (notamment les cruches) à pâte épurée. 'Grecque' est pris ici au sens culturel, concerne une communauté de consommation et ne préjuge pas des lieux de production précis. Aucun atelier n'a encore été identifié, ou du moins publié, en dehors d'un dépotoir de four retrouvé à Tunis (Fantar 1972). Il est possible que chaque cité grecque ait eu sa propre production, mais la céramique culinaire tournée doit posséder des qualités de résistance thermique qui en font une série très spécialisée, susceptible d'être exportée au même titre que d'autres catégories plus 'nobles'; les argiles sont diverses, en général brun rouge à rouge, parfois gris à brun gris, avec un dégraissant varié, les parois souvent minces.
L'enquête montre que la batterie de cuisine grecque s'organise autour de quelques formes qui avec des variantes locales se retrouvent dans toutes les cités grecques (Sparkes 1962; Bats 1988). Pour la préparation et le mélange des aliments, ces formes comprennent des mortiers, pour broyer les fines herbes et préparer les assaisonnements, récipients bas à parois épaisses résistantes; et des jattes profondes pour préparer les pâtes et les mélanges à base de céréales. Pour la cuisson, les formes peuvent se regrouper sous quatre rubriques principales:
- la chytra, pot haut à panse arrondie plus ou moins allongée se resserrant au niveau de l'embouchure, sans col ou à col court, fond bombé et une ou deux anses verticales, forme traditionnelle depuis l'Age du Bronze; vase à bouillir.
- la caccabé, marmite trapue à panse arrondie, fond bombé et large ouverture munie d'un bord à lèvre en gouttière ou redressé à la verticale, avec un ressaut interne destiné à recevoir un couvercle et, parfois, d'un dégorgeoir au sommet de la panse, normalement pourvue de deux anses; forme apparue dans la deuxième moitié du VIe s. et vraisemblablement empruntée, avec son nom, à la culture phénicienne; vase à bouillir et à mijoter.
- la lopas, faitout bas à fond bombé et flancs arrondis ou carénés, largement ouvert avec un bord à lèvre en gouttière ou à ressaut interne destiné à recevoir un couvercle, normalement pourvu de deux anses; les plus anciens exemplaires sont dans l'épave Lequin 1A datée vers 510 (Long 1992), mais la forme ne semble courante à Athènes qu'à partir du milieu du Ve s. (Sparkes 1970); vase à mijoter, spécialement le poisson.
- le tagénon, poêle à fond plat ou légèrement bombé munie d'une anse ou d'un manche rond, parfois de deux anses plaquées; apparue dans la deuxième moitié du Ve s.; récipient à frire.
Il convient d'ajouter comme complément à ces vases les couvercles adaptables aux différents récipients en fonction de leur taille.
Régionalement, la diffusion de ces formes est limitée d'une part à Marseille et ses colonies (Bats 1988), Ampurias (Sanmartí 1986 et 1986A) et Roses (Martin 1979A), d'autre part à des sites indigènes proches de Marseille (Teste Nègre: Gantès 1977) ou en relation étroites avec elle (Espeyran: Barruol 1978; Lattes: Py 1990A). Dans ces derniers cas, elles sont toujours largement minoritaires face aux formes non tournées et elles peuvent signaler aussi bien la présence réelle de familles grecques qu'une appropriation culturelle.

Etudes régionales de référence pour la céramique commune grecque

Provence : Gantès 1977 ; Bats 1988; Charlin 1978; Long 1992.
Languedoc oriental : Barruol 1978; Py 1990A..
Languedoc occidental : Solier 1963
Catalogne: Martin 1979A; Sanmartí 1986; 1986A.

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