Céramique punique à vernis noir



[Pere Castanyer
Enric Sanmartí
Joaquim Tremoleda]


C'est sous les épithètes de 'Classe Byrsa 401' et 'Classe Byrsa 661' que J.-P. Morel a rassemblé les productions à vernis noir qui, d'après lui, sont originaires de Carthage même ou de sa proche région (Morel 1983; 1986).
La classe Byrsa 401 présente la plupart du temps un aspect assez fruste où 'le meilleur côtoie le pire' (Morel 1983) et où, très souvent, on a affaire à des vases présentant une cuisson médiocre mais d'un façonnage très correct, décorés couramment de palmettes quadruples soudées. La pâte est homogène, moyennement dure et présente une couleur beige-jaune qui parfois vire au vert. Le vernis -qui prend des colorations marron voire rouge- est de qualité médiocre et présente des variations de couleur très sensibles d'une partie à l'autre du vase, rehaussées par la présence de zones d'empilement, c'est-à-dire des bandes horizontales de couleur différente, dues à une exposition plus directe d'une partie du vase à l'atmosphère du four. Il arrive aussi que la partie inférieure de la paroi externe et le pied soient dépourvus de vernis, par défaut d'immersion.
Les plus usitées sont les formes PUN-VN 1120, 2233, 2640 et 2710, accompagnées de quelques types propres à cette production.
Quand à l'origine, on a la certitude que la classe Byrsa 401 fut produite au moins en partie près de Carthage, comme le prouve le four découvert dans le site de la Rabta, près de Tunis (Chalbi 1972).
La chronologie de cette classe se situe entre la fin du IVe siècle et la date de la destruction de Carthage, en 146 av. n.-è. Cette céramique à été peu diffusée hors de Carthage, bien que l'on connaisse quelques exemplaires dans l'épave de l'île de Cabrera, aux Baléares (Cerdà 1978), et sur le littoral languedocien et catalan, par exemple à Lattes (inédit), Rhode (Sanmartí 1978), Emporion (ibidem) et dans la nécropole de Cabrera de Mar (Barberà 1969).
La classe Byrsa 661, quand a elle, est d'une qualité bien meilleure que la précédente: facture très soignée; utilisation d'une pâte ocre ou ocre-orangé homogène, dure, fine; vernis franchement noir, épais, solide, pourvu de fines stries de tournassage et de taches métalliques, ou encore de disques d'empilement gris sur le fonds interne.
Le répertoire des formes de la classe Byrsa 661 comprend des patères apodes à bord pendant, des pyxides, des urnes à deux anses PUN-VN 3450, des couvercles, des patères 2910 et 2234, des oenochoés à gaudrons 5627, des guttus 8100, des bols à hautes anses 4242, des bols profonds à trois supports en forme de masques ou de coquilles 2132, ou encore des vases plastiques souvent en forme de pieds chaussés de sandales, mais aussi représentant des animaux, des têtes de nègre ou des acteurs.
Les décor caractéristiques de cet atelier sont les petites palmettes très simples, parfois à dessein cordiforme, encerclées de guillochures et imprimées radialement sur le fonds des patères. Certains vases, comme par exemple les bols profonds à deux anses surélevées, ont été décorés sur leur paroi interne d'une guirlande de feuilles surpeintes en blanc; d'autres, comme les bols à trois pieds, ont reçu un décor figuratif.
La diffusion de cette production est centrée sur la Méditerranée occidentale: principalement l'Afrique du Nord et les régions côtières de la Péninsule Ibérique. La chronologie de l'atelier se situerait, d'après J.-P. Morel, entre les premières décennies du IIIe s. et 146 av. notre ère.
Le problème de l'origine de ces vases est cependant discuté: si, pour Jean-Paul Morel 'la répartition des trouvailles ne laisse pas douter que cette céramique soit produite à Carthage', pour d'autres auteurs (Escrivà et al., sous presse), elle aurait pour origine l'Italie, et plus précisément la ville de Calès, c'est-à-dire une région se situant à la limite du Latium et de la Campanie. Pour ces auteurs, cette production serait en effet encore vivante en 138 av. n. è., date de la fondation de la colonie romaine de Valentia, dans l'est de la Péninsule Ibérique, comme le montreraient les découvertes faites dans les fouilles de cette ville.

Etudes régionales de référence pour la céramique punique à vernis noir:

Catalogne: Barberà 1969; Sanmartí 1978.

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