Céramique commune sableuse oxydante ou réductrice du Languedoc oriental

[Claude Raynaud]

Au cours de la période augustéenne, la céramique non tournée protohistorique se voit progressivement remplacée par une céramique commune tournée à pâte sableuse, reprenant les principales formes produites antérieurement et leur adjoignant des vases inspirés de modèles italiques (Fiches 1986).
Céramique commune gallo-romaine par excellence du fait de sa prépondérance sur tous les sites, la poterie à pâte sableuse ne correspond pas à une production spécifique mais englobe au contraire des sous-groupes variés selon la nature de l'argile, la nature et/ou la densité du dégraissant, ou encore la typologie des vases. Le dénominateur commun de ces variantes réside dans la présence d'un dégraissant sableux d'abondance variable, donnant aux vases des surfaces et une section granuleuses. On est parfois tenté de remplacer le terme de 'sableux', un peu flou, par celui de 'siliceux', plus précis géologiquement, mais la présence d'un sable siliceux comme dégraissant ne peut être assurée sans analyses physico-chimiques. On préférera donc, à ce niveau d'étude, la notion de 'pâte sableuse', terme d'attente qui ne présume en rien de la nature du dégraissant. Celui-ci est plus ou moins abondant, plus ou moins grossier, la pâte pouvant connaître de nombreuses nuances de finesse et d'aspect. La couleur varie du gris pâle au noir ou du beige au brun-gris, les deux couleurs étant parfois présentes sur un même vase et empêchant de déterminer s'il s'agit de post-cuisson oxydante ou réductrice. La fabrication répond aux mêmes fluctuations, généralement de qualité moyenne, elle peut être parfois très soignée avec des vases à parois minces et une grande régularité de façonnage, ou au contraire très médiocre, avec des vases aux parois lourdes et aux formes irrégulières.
On classe dans cette catégorie les céramiques sableuses ne pouvant se rattacher aux variétés voisines à pâte fumigée, à points de chaux, ou kaolinitique, avec lesquelles elles entretiennent cependant une forte parenté typologique et de pâte. On s'interroge en particulier sur la définition d'une production singulière, à pâte réfractaire dure, grise à beige ou rosée, évoquant les productions kaolinitiques médiévales de l'Uzège, et que l'on trouve fréquemment dans les contextes entre 50 et 150 de notre ère sur les sites de la région nimoise. S'agit-il d'une production kaolinitique précoce? Cette hypothèse montre à l'évidence l'ambivalence de la catégorie 'sableuse', qui mériterait des subdivisions plus fines. La classification se heurte en effet à l'élasticité des limites entre variantes qui dans bien des cas rend difficile ou illusoire l'identification de fragments aux caractères hybrides. Les productions fumigées et à points de chaux, sont probablement les plus aisément reconnaissables, encore que la démarcation de la seconde avec la céramique kaolinitique soit souvent incertaine. De même, si les traits techno-morphologiques de cette dernière se singularisent dans de nombreux cas, très souvent la frontière avec les sableuses plus courantes reste perméable. De plus la typologie relève de nombreuses concordances de formes, malgré le caractère plutôt traditionnel de la céramique fumigée, ou l'aspect plutôt standardisé et 'italianisant' de la kaolinitique, traits demeurant des tendances plus que des règles absolues. Enfin, on insistera sur le fait que les lieux de production demeurent pour l'instant inconnus.
Au sein du corpus des formes chaque famille a reçu un code alphabétique: A pour les urnes, B pour les bols, coupes ou marmites, C pour les assiettes, plats ou écuelles, D pour les mortiers, E pour les couvercles, F pour les cruches, G pour les gobelets et les pichets, H pour les jarres ou ollae, I pour les formes rares et diverses (miniatures, gourdes, jouets, tirelires...). Ce code est suivi d'un numéro de un ou deux chiffres désignant la forme, suivi d'un indice alphabétique dans le cas ou l'on peut distinguer des variantes par rapport à la forme principale. Ainsi, le type A3 B désignera la variante B de l'urne de forme 3. Afin de respecter les parentés entre les diverses productions à pâte sableuse, la même typologie s'applique aux productions fumigées, kaolinitiques et à points de chaux. Lorsqu'une forme n'est pas connue dans telle ou telle catégorie, son numéro n'est pas attribué et reste en attente d'une découverte ultérieure. Le risque de cette approche typologique globale est évidemment de réduire ou de gommer des spécificités régionales ou/et chronologiques, mais celles-ci pourront s'exprimer à travers les études quantitatives plus à même d'appréhender les nuances internes de la vaste famille des céramiques communes sableuses gallo-romaines.

Etudes régionales de référence pour la céramique sableuse oxydante ou réductrice

Languedoc oriental: Fiches 1986; Raynaud 1990; Py 1990A.

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